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Laboureur globe-trotter

vendredi 24 septembre 2010 - 16h05

La passion du beau sillon amène Fabien Landré, agriculteur de l'Ain, à voyager aux quatre coins du monde où il découvre des agricultures différentes.

En remportant le dernier championnat du monde de labour (catégorie à plat) en Nouvelle-Zélande, Fabien Landré a réalisé un rêve d'enfant. « J'ai commencé jeune en compagnie de mon frère Bertrand, lui aussi très motivé (1), explique le jeune agriculteur de Bâgé-le-Châtel (Ain). Mon père, Roger, qui concourait dans l'Ain, nous a mis sur le tracteur dès l'âge de treize ans. »

Vice-champion de France en 2004, vice-champion du monde en 2006 (en
Irlande), vice-champion d'Europe en 2008 (au Danemark), Fabien a fait preuve de patience et de ténacité en accumulant les compétitions.

Comme tout sport de haut niveau, la victoire exige de la précision et de la concentration. « Il ne faut pas se tromper et partir du bon pied. Quand je plante mes jalons, c'est au millimètre près. »

Pour mettre toutes les chances de son côté, l'associé du Gaec familial soigne sa préparation. Si « tirer droit » lui vient facilement, trouver les réglages les mieux adaptés à un sol qui ne lui est pas familier se révèle plus délicat.

Pour le mondial néo-zélandais, Fabien s'est entraîné sur un terrain qui correspondait au plus près à l'analyse de terre qui lui avait été transmise, un terrain blanc à 60 % de limon. Il a trouvé un sol similaire dans le Val de Saône à quelques dizaines de kilomètres de chez lui.

« Plusieurs mois durant, je me suis exercé tous les week-ends. Entre deux traites, je traçais deux parcelles ou je bricolais ma charrue, une Kverneland à deux socs que j'ai équipée d'un bogie pour améliorer la stabilité sur les bosses. »

En avril dernier, à Christchurch, dans le sud de la Nouvelle-Zélande, la victoire s'est jouée en partie sur les versoirs. Comme les compétiteurs néo-zélandais, Fabien a opté pour des versoirs en Teflon. Ce fut le bon choix.

En labourant impeccablement sa parcelle de cent mètres sur vingt sans se laisser impressionner par les autres concurrents, le Français a terminé en beauté. La fermeture des aéroports consécutive à l'éruption du volcan islandais lui a permis de rester cinq jours supplémentaires dans ce pays.

 

Fidèle aux concours depuis ses 15 ans

Depuis l'âge de quinze ans, les vacances de Fabien sont consacrées aux concours de labour. « Je vais tous les ans au concours national, ce qui permet de mieux connaître une région et de retrouver une ambiance toujours conviviale. » Les grands rendez-vous internationaux lui font parcourir le monde et découvrir des agricultures différentes.

« Au Danemark, nous avions traversé des plaines avec des champs de pommes de terre à perte de vue, raconte Fabien. En Nouvelle-Zélande, nous avons rencontré un Français installé sur une ferme laitière avec mille vaches et équipé d'un roto de soixante places. Mon collègue alsacien, Bertrand Rott, qui a terminé septième en planches, avait trouvé ses coordonnées dans le journal L'éleveur laitier. Sur la route droite qui nous y menait, nous avons compté trente-cinq fermes du même type. On comprend qu'ils écrasent le marché. »

Pour mieux communiquer avec les laboureurs du monde, l'éleveur de 28 ans a d'ailleurs repris des cours d'anglais.

_____

(1) Bertrand a remporté en 2005 le championnat de France.

 

 

LES COULISSES DU CONCOURS

• Un coût financier

L'association « France Labour » regroupe des passionnés de labour et organise les qualifications pour le mondial. Avec ses sponsors, elle a payé le voyage de Fabien en Nouvelle-Zélande (transport du tracteur et de la charrue compris). Mais Fabien a financé une partie du salarié qui l'a remplacé pendant un mois. « Nous étions en pleine période de semis de maïs et mon père m'accompagnait. »

• L'Ain, un creuset fertile

Département de « laboureurs » dont sont issus une douzaine de champions de France, l'Ain offre un contexte favorable et motivant. « Il y règne un esprit de compétition assez fort, propice à l'émulation et aux échanges. Il y a du matériel à voir et des idées à récupérer. » Alors que le championnat d'Europe de 2011 se déroulera en Alsace (autre grand département de champions), l'Ain cherche un terrain adapté pour recevoir le mondial de 2014, qui aura lieu en France.  

 

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par Anne Brehier

(publié le 24 septembre 2010)

 

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