vendredi 08 juillet 2011 - 11h02
Dans leur ferme du Pas-de-Calais, Martine et Hervé Vielliard perpétuent la tradition des bouquets de moisson.
« Je tresse la paille depuis vingt-sept ans, soit la moitié de ma vie, avec toujours autant de plaisir », reconnaît Hervé Vielliard. Céréalier à Clenleu (Pas-de-Calais), il a appris la technique grâce à une vieille dame du village. « Un savoir-faire transmis en deux heures, dont la maîtrise m'a demandé deux ans ! »
Son épouse, Martine, partage sa passion. Elle a arrêté son travail en hôpital pour s'occuper de ses enfants et tresser la paille. « J'aime créer des objets et travailler ce matériau noble. » Ils pratiquent cette activité dans la journée et chaque soir devant la télévision. « Le tressage nous déstresse, il nous met hors du temps ! »
Dans leur salle d'exposition, leurs différentes compositions montrent l'universalité du travail de la paille à travers les époques et le monde. « Voici le bouquet de moisson du Boulonnais, en forme de collier de cheval. Il était réalisé par les ouvriers de la ferme et offert à la maîtresse de maison lors du repas de fin de moisson », indique Hervé.
D'autres régions privilégient d'autres formes, avec chacune leur symbolique : la longévité pour les tresses, l'abondance, la prospérité et la fertilité pour les spirales.
Porte-bonheur universel
« La symbolique des bouquets de moisson est très forte. Les Egyptiens réalisaient des porte-bonheur avec douze épis, évoquant les douze mois », explique Martine. Les Grecs offraient des hochets avec sept grains de maïs, représentant les sept péchés capitaux.
Martine et Hervé reproduisent des œuvres du monde entier, mais aussi locales, comme cet ostensoir en paille repéré dans une chapelle de la région. Récemment, ils ont restauré des œuvres du musée de Wy-dit- Joli-Village, dans le Val-d'Oise. La patience a été de mise.
« Sur une bannière de paille, réalisée pour des processions du 15 août, nous avons passé 500 heures ! Mais quelle fierté de lui redonner son lustre. »
En les regardant travailler, le tressage paraît simple. « Je tends mon brin de paille, je rabats et je remonte mon nœud. » Pourtant, si de nombreuses personnes essaient, peu persistent. La maîtrise de la récolte est l'un de leurs secrets.
« Pour obtenir une paille optimale, avec une tige creuse, pas verte, des épis mûrs mais bien attachés au brin, la période de récolte se limite souvent à deux après-midi entre le 5 août et le début de septembre. »
Exposition et démonstration Martine et Hervé Vielliard ont ouvert une salle d'exposition dans leur ferme du XVIIe siècle. Au cours d'une visite de 45 minutes, ils présentent leurs œuvres et la symbolique des bouquets de moisson. Ils proposent aussi des démonstrations de techniques de tressage. Il est possible de se restaurer sur place avec des spécialités locales et de prolonger le séjour en logeant dans l'un des deux gîtes. Ouvert de mars à novembre. La ferme au Blé, 62650 Clenleu. Tél. & fax : 03.21.90.50.25 / 06. 76.51.29.68. Site : www.lafermeauble.com |
par Marie-Pierre Crosnier
(publié le 8 juillet 2011)
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