vendredi 23 décembre 2011 - 14h23
Après la rue, Alain Paskovs et Alain Drouin ont trouvé refuge au Mas de Carles. Ils y réapprennent à vivre.
« Alain, c'est le boss de l'olivier ! », lance Patrick Boulai, le régisseur du Mas de Carles, à Villeneuve-lès-Avignon, une ferme agricole, organisme d'insertion sociale et professionnelle.
Alain Paskovs (à gauche sur la photo) s'y est présenté en 2006, après trois ans passés dans la rue. Il comptait y rester six mois. Cinq ans plus tard, il est toujours là. « Aujourd'hui, je me sens bien. Partir comporte le risque de sombrer de nouveau. »
Au Mas de Carles, la réinsertion passe par l'implication des résidents dans les activités : le partage des tâches collectives, la participation aux travaux de la ferme, la vie rythmée par les heures de repas et les échanges.
Alain a d'abord travaillé dans la production maraîchère. Quatre hectares de légumes, tomates, épinards, blettes, haricots, salades, etc. sont cultivés. Mais c'est l'arboriculture qui le passionne.
Peu de temps avant son arrivée, un programme de replantation du verger d'oliviers est lancé : 470 arbres sur près de 3 hectares. Alain participe au chantier.
Un pas vers l'autonomie
Patrick Boulai lui propose un stage de perfectionnement. Banco ! En 2008, il suit une session de trois jours sur la conduite d'une oliveraie au CFPPA de Carpentras. Dans la foulée, il participe à une autre formation sur le travail du sol et le traitement des arbres.
Aujourd'hui, c'est la consécration. L'homme prépare un Bepa Arboriculture sous la forme d'une validation des acquis de l'expérience (VAE). « J'ai le sentiment d'être pris au sérieux, de reprendre confiance en moi », dit-il.
Et s'il n'en a pas le titre officiel, il est le responsable du verger. Il suit la culture, s'occupe de l'entretien, des traitements, des chantiers de récolte et du transport jusqu'au moulin.
« Je ne peux pas tout gérer, observe le régisseur. Lorsque c'est possible, je fais en sorte de rendre les personnes autonomes. » Bientôt retraité, Alain Drouin (à droite) est, de son côté, pensionnaire depuis deux ans.
Il parle « résultats » comme en entreprise. « À la chèvrerie, nous produisons 300 fromages par jour, calcule-t-il. Nous en vendons 500 à 600 par semaine sur le marché du village. Sans compter les autres débouchés... Bref, on n'est pas une exploitation agricole en tant que telle, mais on n'est pas ridicule non plus. »
Opéré du cœur, il ne travaille plus à la chèvrerie, mais guide les visiteurs à travers le lieu.
Un des douze « lieux à vivre »
Au début des années 1960, le père Joseph Persat découvre cette propriété. Elle est habitée par deux sœurs qui la lèguent à l'association Saint-Joseph. Dès lors, le prêtre y accueille des personnes démunies.
En 1981, le Mas de Carles devient association d'insertion sociale et professionnelle.
Depuis 1999, il fait partie de la douzaine de « Lieux à vivre », un projet régi par quatre principes : l'hébergement, la vie en commun, l'activité, l'accès à la citoyenneté.
La moitié du financement vient de l'état et des collectivités, le reste des ventes de la ferme et du loyer de 100 € par mois payé par les résidents.
Chantal Sarrazin
(publié le 23 décembre 2012)
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