vendredi 16 décembre 2011 - 15h16
À Saint-Amant-Tallende (Puy-de-Dôme), les moines, bâtisseurs d'éternité, sauvent aussi un hameau de l'abandon.
La vallée de la Monne, une nature sauvage, âpre mais belle, apte à tremper des âmes contemplatives. Face aux gorges se dresse l'abbaye de Randol, édifiée en béton entre 1969 et 1983.
Sept fois par jour, une fois par nuit, trente-huit moines bénédictins y font don de leurs chants grégoriens. Entre offices, étude et travail, ils tissent un lien qui va du visible à l'invisible...
« Le moine, assure le père abbé, est par essence un séparé du monde. Mais son incessante louange rejaillit sur tous. »
« Je n'y comprends rien, à leur messe en latin, mais depuis mon arrivée je ressens paix et joie », certifie ainsi Renaud, un retraité parisien de passage. Le monastère offre en effet, sous certaines conditions, la possibilité d'y séjourner...
Au pays, on dit que les moines ont sauvé le hameau de Randol, où sont désormais hébergées les familles des religieux et amis. C'est là aussi le « grand chantier » de Roger Besserve, un maçon compagnon du devoir, également tailleur de pierre.
Vingt-deux ans déjà qu'il œuvre à remonter des maisons tombées en ruine, dans le plus pur respect des traditions et des matériaux anciens : encadrement en pierre de Volvic, portes en bois de chêne, puits auvergnat pour camoufler le dispositif anti-incendie !
Le village se prête aussi au recueillement, avec notamment une reconstitution du tombeau du Christ...
Suivant la règle de saint Benoît, les moines doivent travailler manuellement et même vivre de la façon la plus autonome possible. Un frère prend soin d'un troupeau de montbéliardes, dont le lait est transformé en fromages, vendus en direct au magasin.
« Dieu a placé Adam au jardin d'Éden pour le garder et le cultiver, rappelle le père abbé. De même, nous essayons de faire valoir notre domaine. Le contact avec la terre, avec la nature réelle, même si elle est parfois exigeante, est source d'équilibre. L'agriculture nous permet aussi de vivre en diapason avec les habitants. »
La difficulté d'être à la fois moine et fermier réside surtout dans la conciliation des rythmes, puisque le travail se trouve fractionné par tranches de deux heures. La cadence change aussi au gré des grandes fêtes religieuses.
« Noël, c'est notre nuit la plus courte de l'année, indique le père abbé. Le soir du 24, les offices commencent à 21 heures, pour finir à trois heures du matin. »
Y aller
• Abbaye Notre-Dame de Randol, à Saint-Amant-Tallende (Puy-de-Dôme).
Tél.: 04.73.39.31.00 (à certains horaires, voir http://www.randol.org).
• Offices de jour et magasin ouverts au public (sauf en période de retraite).
Chantal Béraud
(publié le 16 décembre 2011)
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