L'Ecole du vent à Saint-Clément

A Saint-Clément, minuscule toit du monde, vivait autrefois le peuple du vent, dit la légende. Ses habitants les plus « z'ailés » aimaient à décoller du côté du Belvédère, perché à 1.170 mètres d'altitude.

Là, face aux monts Mézenc et du Gerbier-de-Jonc (sources de la Loire), les plus audacieux s'élançaient dans des voyages au long cours, le regard rivé jusqu'aux Alpes lointaines... Pour atteindre ce degré de maîtrise, les enfants fréquentaient l'école du vent.

S'appuyant sur cette légende, Saint-Clément a créé un musée-école. La nature prédestinait ce site à être consacré au dieu Eole !

Et pourtant, pour passer du conte à la réalité, il aura fallu rien de moins que l'audace d'un maire agriculteur, un peu visionnaire. Bernard Cuoq préside au destin d'une petite communauté d'hommes, qui vit essentiellement de la terre.

Moutons et chèvres peuplent les pentes ardues de ces coteaux d'Ardèche, zone de production de deux AOC : le Fin gras du Mézenc et le fromage Picodon. « Ces deux spécialités peuvent être dégustées à l'auberge du village, précise-t-il. Elle a été rénovée par la commune dans les années quatre-vingt. »

Car cela fait plus de trente ans que ce premier magistrat lutte contre la désertification du site ! Afin de ne pas laisser les terrains s'embroussailer, le maire a installé un agriculteur dans une ferme-relais appartenant à la commune. Et il a fait partie des pionniers à entreprendre dès 1992 la création d'un parc éolien.

« Une enquête a été menée afin de le dimensionner à l'échelle du village, commente-t-il. Aujourd'hui, nos deux éoliennes, d'une puissance de 600 kW chacune, alimentent près de 2.000 personnes, dont les habitants de Saint-Clément. » Une association, composée par quatre propriétaires privés, s'occupe désormais de sa gestion.

Quant à l'Ecole du vent, qui fête sa deuxième saison d'ouverture, elle a été installée dans une ancienne ferme rénovée, bâtie en phonolite, une pierre volcanique bleutée. Sous sa charpente en coque de bateau renversé, les visiteurs viennent découvrir les sept vents du massif...

Autonomie, interactivité, poésie sont les maîtres mots de ce musée pas comme les autres. Des aménagements originaux proposent des informations limpides sur des phénomènes météorologiques.

« Une maquette expérimentale, par exemple, montre comment fonctionne une barrière anticongères », indique Sophie Maneval, la responsable du site. Une vidéo explique comment se forment les vents, d'où ils viennent, leur répartition sur la planète... Dans la salle des oiseaux, on compare leurs squelettes, leurs types d'ailes et leurs plumes pour comprendre la différence de vol entre un goéland, un moineau ou un aigle.

Mais le clou du spectacle est le simulateur de vol (voir photo), où l'on apprend à voler en battant des ailes... D'autres salles permettent de découvrir la longue quête des pionniers de l'aérien (Léonard de Vinci, Charles Lindbergh, les frères Montgolfier...) et le matériel fonctionnant grâce au vent. Comme le sèche-cheveux, la pompe à vélo ou le célèbre bouffadou qui attisait le feu en propulsant de l'air dans une branche de bois creusée...

Les visiteurs terminent le parcours assis dans de confortables fauteuils à deviner différents sons, du pipeau au sifflet à coulisse, en passant par la flûte et le sifflet d'arbitre. « C'est original, poétique, ludique. Le vautour est immense. Parfois, on dirait de la magie », notent des enthousiastes sur le livre d'or. En 2009, le site a attiré 8.438 visiteurs.

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Site : www.ecole-du-vent.com, tél. : 04 75 30 41.

par Chantal Béraud

(publié le 15 octobre 2010)