lundi 13 décembre 2010 - 15h06
Les soirées lozériennes résonnent de « bruits de pages » qui donnent vie aux livres.
Derrière le rideau, deux voix s'élèvent et dialoguent un moment, comme si les spectateurs n'étaient pas là. Puis une main écarte le tissu, et les deux conteuses apparaissent.
Ce soir pourtant, à la Maison du temps libre de Chirac, en Lozère, ce n'est pas l'heure du conte mais celle du souvenir. Les textes que Brigitte Beaury et Patricia Grime font vivre par le geste et la parole ont été recueillis par les écoliers auprès d'anciens avec l'aide de l'association Colport'âges.
De la mémoire d'un vieux monsieur de 101 ans a émergé ce lointain après-midi où il avait fait l'école buissonnière pour construire une cabane, et où sa mère l'avait surpris...
Au fil des histoires se mêlent des souvenirs de vie de famille, de travaux des champs, du départ vers la ville ou de grèves ouvrières, et des textes puisés dans la littérature. Des intermèdes fantaisistes, avec une interview des vaches de Mathurin ou une fable du laboureur en argot, laissent place au rire.
Entre la parole collectée et celle qui s'écrit dans les livres, la distance n'est pas si grande. Graves ou drôles, ces textes touchent les spectateurs qui y retrouvent des échos de leur histoire.
Les mots suffisent à les faire voyager, sans que des images soient nécessaires.
La bibliothèque départementale organise ces soirées depuis deux ans avec l'appui du conseil général et des communes. Rassemblées au sein du festival Bruit de pages, elles s'étalent sur deux mois.
« Nous travaillons avec le réseau des bibliothèques municipales pour trouver des idées autour d'un thème. Cette année, nous avons choisi la famille et les liens intergénérationnels », explique Sophie Delcros.
Pour 2011, le thème n'est pas encore trouvé. Mais les soirées se répartiront sur l'année, pour mieux coller aux disponibilités des habitants et des bénévoles qui font vivre ces bibliothèques.
Bruit de pages, c'est aussi du slam, des conférences et des films. Cette année, après un film documentaire, trois indiens Kallawayas originaires de la Bolivie sont venus parler de la transmission entre générations. Des philosophes ont évoqué les liens familiaux, amicaux ou amoureux.
« Nous faisons venir des gens d'ailleurs. Nous nous appuyons aussi sur les créateurs locaux », précise Sophie Delcros. Marie Jacques, qui a animé deux ateliers de slam, propose un rendez-vous mensuel dans un café à Mende où adolescents et adultes écrivent ce qu'ils ont sur le cœur et le déclament aux autres.
Y ALLER • Infos sur le festival Bruit de pages et le réseau des bibliothèques : au 04.66.49.16.04 ou sur bruitdepages.lozere.fr. • Atelier de slam : le premier mercredi de chaque mois à 18h30 au K'fé, 1, place du général de Gaulle, à Mende. |
par Frédérique Ehrhard
(publié le 10 décembre 2010)
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