De crèche en crèche dans le comtat Venaissin

Ici, un village haut perché. Là, des fermes imposantes, avec leurs puits fermés, éclairant la campagne. Alentours, des haies de cyprès abritant vignes et vergers du mistral. En toile de fond, le Géant de Provence, l'autre nom du mont Ventoux, dressé tel une sentinelle devant la diversité des paysages.

Bienvenue dans le comtat Venaissin ! Morceau de Vaucluse, posé entre Orange et Avignon, il invite à découvrir la tradition de la crèche provençale par une balade à travers ses villages pittoresques.

A l'origine de cette initiative, le service du patrimoine et de la culture du pays d'art et d'histoire de la ville de Carpentras.

Le circuit marie la visite de crèches et la découverte du patrimoine d'une dizaine de villages du comtat.

A La Roque-sur-Pernes, la crèche est abritée dans la chapelle Saint-Antoine, creusée dans la roche. Elle représente le village haut perché aux ruelles étroites.

A Venasque, non loin de là, c'est dans le retable de l'église Notre-Dame que se niche la crèche de santons en cire.

A Carpentras, une trentaine de santons du XVIII^e siècle animent la chapelle Sainte-Anne dans la cathédrale gothique Saint-Siffrein.

La première crèche a vu le jour en Provence, un siècle plus tôt, avec des statuettes en bois réalisées par un capucin marseillais, bon sculpteur.

Au XIX^e siècle, les maîtres santonniers font leur apparition à Marseille. Leurs petites figurines en terre cuite représentent la scène de la naissance du Christ.

Peu à peu, aux côtés des personnages religieux, se mêlent des sujets de la vie quotidienne. Ils sont baptisés santons, du provençal « santoun », qui signifie « petits saints ».

Parmi eux, figurent des personnages incontournables. Le ravi, bras levé en direction du ciel, est inondé par la grâce. Le berger porte l'agneau pour le faire bénir.

L'annonceur public, Lou Tambourinaïre, répand la bonne nouvelle. La vieille au fagot rend de menus services. La femme à l'enfant est à proximité de la grotte, car elle se sent proche de Marie. Le meunier, du nom de Barnabé, est représenté soit avec son âne, soit près du moulin...

Le décor a aussi son importance. L'olivier symbolise les rameaux, le pyracantha représente les épines du Christ. Le laurier-tin avec ses baies bleues et ses fleurs blanches est le symbole de Marie.

L'eau (rivière, lac ou cascade) incarne la vie, la pureté. La lune est le symbole de la vierge. Le soleil, celui de l'enfant Jésus et les étoiles le point de repère des rois mages.

Dans les foyers provençaux, à la veille de la nativité, petits et grands renouent chaque année avec la tradition séculaire de la crèche.

par Chantal Sarrazin

(publié le 17 décembre 2010)