vendredi 21 mai 2010 - 16h59
Marie Bourut a quitté, il y a huit ans, son emploi de cadre dans l'agroalimentaire pour devenir productrice de cidre.
«Je me suis construite en découvrant ce que je n'aimais pas », résume Marie Bourut en évoquant ses débuts dans la vie professionnelle. Ingénieur agroalimentaire, elle commence sa carrière en 1999 chez un brasseur, puis un fabricant de chocolat. Durant trois ans, Marie est responsable de production, avec des objectifs toujours plus hauts, la pression d'un supérieur hiérarchique, des salariés à encadrer et des journées qui n'en finissent pas. De plus, elle vit mal l'éloignement géographique de son mari qui se lance dans la vie professionnelle. « Ce n'était pas ce que je voulais faire de ma vie », se souvient la jeune femme, qui souhaitait avoir des enfants et les voir grandir.
A 25 ans, Marie décide de laisser tomber la voie toute tracée. Elle découvre dans La France agricole l'annonce d'un agriculteur de l'Eure, à Saint-Aubin-le-Guichard, qui recherche un responsable pour son verger de pommes à cidre et pour l'atelier de transformation.
« Pas facile de se faire recruter lorsque l'on est une femme, originaire du Sud-Ouest, non issue du milieu agricole et que l'on ne connaît rien en tracteurs. » Mais elle se montre convaincante et propose au propriétaire du Manoir du Val, Michel Parent, de travailler avec lui durant un an avant d'acheter l'atelier cidricole. Lui qui cherche à céder son exploitation donne son accord et l'essai se transforme en stage de préinstallation. « Même si c'était très dur d'avoir de la pratique, j'ai pu voir que ça me plaisait et que c'était viable financièrement. Et la transition s'est faite en douceur auprès des clients. »
Ses parents inquiets
Fin 2001, sous l'œil inquiet de ses parents, elle rachète les sept hectares de verger, les bâtiments, le matériel et les stocks. En 2002, son mari Thomas, cadre à Paris, la rejoint et obtient un poste d'enseignant en machinisme agricole au lycée agricole du Neubourg. Il apporte son aide durant les week-ends et les vacances scolaires. La famille s'est agrandie en 2006 avec l'arrivée de Nora. L'ancienne étable à vaches est devenue la maison d'habitation et celle des veaux, le local de vente. La stabulation des taurillons a été transformée en salle d'accueil pour les groupes et en musée du cidre. Un salarié est employé à mi-temps.
Huit ans après son installation, Marie ne regrette pas son choix : « Dans mon enfance, je me voyais citadine. Je ne pensais pas que la campagne était aussi importante pour moi. » Entre l'entretien du verger, la fabrication du cidre, la mise en bouteilles, les contacts avec les clients et la gestion de l'entreprise, elle savoure toujours autant son indépendance et l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle. La famille arrive à prendre au total trois semaines de vacances par an.
Michel Parent, resté sur place, la remplace au magasin. « Mes revenus n'ont rien à voir avec ceux de mes collègues de promotion. Nous vivons grâce au salaire de mon mari. En attendant la fin des emprunts, l'objectif est que la ferme paye le remboursement de la maison. » Forte de son expérience, Marie s'engage dans les organisations professionnelles cidricoles et entend rester fidèle à sa devise : « Je fais ce que je veux quand je veux ! »
Pour en savoir plus :
par Jean-Claude Ballandonn
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