La famine qui progresse dans le sud de la Somalie pourrait se prolonger jusqu'à la fin de l'année en raison des difficultés d'accès à ces régions contrôlées par les insurgés islamistes et de la réponse tardive et encore insuffisante de la communauté internationale.
« La famine devrait se propager à toutes les régions du sud (somalien) dans les quatre à six prochaines semaines et devrait persister au moins jusqu'en décembre 2011 », a averti l'ONU.
« La situation risque de durer, des semaines, voire des mois », a pour sa part mis en garde, jeudi, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, qui a promis des moyens de transports militaires supplémentaires pour acheminer l'aide.
Les districts de Balaad et d'Adale dans la région du Moyen Shabelle (sud), l'ensemble des quelque 400.000 déplacés d'Afgoye, entassés dans des camps de part et d'autre de la route à environ 20 km de Mogadiscio et les sinistrés de la sécheresse venus se réfugier dans la capitale somalienne ont été déclarés en état de famine.
Ils viennent s'ajouter aux populations des régions de Bakol et du Bas Shabelle, décrétées en état de famine le 20 juillet par l'ONU.
« La situation actuelle représente la plus sévère crise humanitaire dans le monde aujourd'hui et la pire crise de sécurité alimentaire depuis la famine de 1991-1992 en Somalie », selon l'ONU.
Au moins 2,8 millions de personnes, dont 1,25 million d'enfants, nécessitent une aide humanitaire d'urgence pour le seul sud-somalien, selon le bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
Mais les organisations humanitaires n'ont accès en l'état qu'à 20% d'entre elles, poursuit Ocha.
La quasi-totalité des zones déclarées en état de famine, hormis plusieurs districts de Mogadiscio, sont sous le contrôle des insurgés islamistes radicaux shebab qui veulent renverser le gouvernement de transition du président Sharif Cheikh Ahmed, soutenu par la communauté internationale.
Pour les shebab, « il n'y a pas de famine » en Somalie. Les insurgés ont dès lors maintenu l'interdiction, édictée en 2009, d'opérer sur leur territoire pour bon nombre d'ONG et d'agences humanitaires de l'ONU.
Une vingtaine d'organisations internationales sont parvenues à maintenir leurs programmes dans ces régions, notamment le Comité international de la Croix rouge (CICR) qui a décidé d'accroître fortement son aide dans les régions du centre et du sud.
« Nous voulons apporter une aide alimentaire à 1,1 million de personnes supplémentaires dans cette région pendant au moins 3 mois, c'est un défi énorme pour nous », a déclaré le président du CICR
Jakob Kellenberger, qui a lancé un appel aux donateurs pour 61 millions d'euros supplémentaires.
Le financement de l'aide pour cette crise demeure en l'état insuffisant: un milliard de dollars ont déjà été promis par la communauté internationale mais les Nations unies ont un « besoin urgent de 1,4 milliard de dollars supplémentaires pour sauver des vies », selon la chef des opérations humanitaires de l'ONU, Valerie Amos.
Le signal envoyé jeudi par l'Union africaine n'est guère très encourageant: l'organisation continentale a reporté au 25 août une conférence, initialement prévue le 9 août, destinée à lever des fonds... d'urgence.
Une première conférence internationale d'urgence s'était réunie la semaine dernière à Rome mais les ONG ont critiqué les donateurs pour la faiblesse de leur engagement.
L'ensemble de la Corne de l'Afrique est frappé par cette sécheresse de grande ampleur qui touche 12 millions de gens. Outre la Somalie, le Kenya, l'Ethiopie, Djibouti, le nord de l'Ouganda et très vraisemblablement l'Erythrée en subissent les effets.