La production agricole française « stagne depuis quinze ans » et les gains de productivité de notre agriculture s’essoufflent, révèle une étude de deux chercheurs de l'Inra (1) publiée à la fin de mars 2012 sur le site de l'Observatoire des prix et des marges-FranceAgriMer.
Par ailleurs, selon l'étude, nos importations de produits agricoles et alimentaires progressent plus vite que nos exportations, dans un contexte de fragilisation de la compétitivité de l'Union à 27 au cours de la dernière décennie, « comme en témoigne l’évolution du déficit de [sa] balance commerciale », passé de 7 à 11 milliards d’euros entre 2000 et 2009.
De 1960 à 1996, production agricole et agroalimentaire française augmentait au taux annuel de 1,6 %, mais, depuis 1996, elle stagne et les gains de productivité ont régressé pour s’établir à environ 0,6 % par an, constatent les deux auteurs. Ils attribuent cette détérioration de la productivité du capital « à une certaine reprise des investissements qui avaient baissé dans la décennie précédente ».
Dans le secteur de l'industrie agroalimentaire, la productivité globale diminue de 0,4 % par an de 1997 à 2006, alors que sa production augmente de 1 % par an. Les baisses de productivité sont les plus fortes dans les secteurs de la viande et des « autres IAA », alors que la productivité totale des facteurs varie peu en moyenne pour les secteurs du lait, des boissons et des grains.
A partir du milieu des années 1990, le statut de « grand pays exportateur net de produits agricoles et alimentaires » de la France s'effrite, et le volume des importations progresse plus vite que le volume des exportations, rapporte l'étude. Les auteurs expliquent que « la demande intérieure, stimulée par l’accroissement des revenus et dans la période récente par le développement des agrocarburants de première génération, continue à progresser ». La production restant stable, l’excédent commercial ne peut que reculer, constatent-ils.
Pour les produits d’exportation, « il ne fait guère de doute que les réformes successives de la Pac et l’accroissement de la concurrence étrangère induit par le processus de libéralisation des échanges sont à l’origine de la stagnation de la production agricole », estiment les auteurs.
En grandes cultures, agronomes et économistes s’accordent pour reconnaître une stagnation des rendements français depuis le milieu des années 1990, notamment du blé tendre.
L'analyse évoque l’hypothèse d’une « rupture du progrès technique » sur ces cultures. La France se trouverait « pénalisées par sa spécialisation dans des cultures fragiles et exigeante en intrants (blé tendre, colza), alors que les recherches mondiales en génétique (malgré les programmes de l’Inra) profitent surtout à d’autres cultures comme le maïs et le soja moins adaptées aux conditions pédoclimatiques françaises ».
En production végétale, le poids des contraintes liées à l’environnement et à la santé publique, « souvent évoquées pour expliquer la perte de compétitivité de l’agroalimentaire français », semble être « assez faible pour pouvoir expliquer le ralentissement des gains de productivité, si ce n’est l’interdiction de certains pesticides en cultures fruitières », considèrent les auteurs.
En production animale, plusieurs mesures sur la mise aux normes des bâtiments, l’instauration de conditions sur l’épandage ou l’identification des animaux « ont sans doute généré des coûts qui peuvent être à la source de la détérioration de la productivité des consommations intermédiaires et du capital », assurent l'étude de l'Inra.
Finalement, « la stagnation de la production agricole dans un contexte de baisse des prix et d’essoufflement des gains de productivité, a eu des effets négatifs sur l’évolution des revenus agricoles ».
La tendance à la baisse des prix agricoles dans l’Union européenne, « objectif, aujourd’hui quasi atteint, de la Pac d’aligner les prix intérieurs européens sur les cours mondiaux », devrait « être enrayée, même si cela n’exclut pas une variabilité accrue des prix », font valoir les deux auteurs.
Sur le plan intérieur comme sur le marché international, « seule une production orientée vers la qualité peut être compétitive, en valorisant mieux les labels mais plus largement la différenciation des produits et en s’adaptant mieux à la demande internationale. Au niveau local, le développement des réseaux de proximité ne doit pas être négligé », assure l'analyse.
Pour les IAA, un accroissement de la taille des firmes, notamment des PME, « est sans doute souhaitable. Cela est d’autant plus important que l’accès aux marchés à l’exportation est coûteux et nécessite d’atteindre des niveaux de productivité suffisamment élevés ».
Enfin pour les auteurs, « il est possible, en adoptant des techniques alternatives, d’améliorer simultanément les performances économiques des exploitations, via l’amélioration de la productivité des consommations intermédiaires et de la productivité globale, et leurs performances agroenvironnementales, via la diminution des intrants ».
Mais « simultanément à l’adoption de techniques moins intensives, il apparaît nécessaire d’enrayer des phénomènes tels que le plafonnement des rendements, en adaptant les végétaux aux nouvelles conditions climatiques », conclut l'étude.
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Productivité
lundi 23 avril 2012 - 14h24
Bonjour. Je vous renvoie vers la définition donnée par l'Insee - http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/productivite.htm En économie, la productivité est définie comme le rapport, en volume, entre une production et les ressources mises en œuvre pour l'obtenir.