Marc Filser, professeur en sciences de gestion à l'Université de Bourgogne, intervenait, jeudi, lors des entretiens de la rue d'Athènes, organisés par la Société des agriculteurs de France (Saf), sur l'alimentation et la structuration de territoires.
« Nous sommes au bout d'un système de distribution inventé dans les années 1960 : le libre-service qui réunit sous le même toit tous les produits, le discount comme facteur d'attraction et une logistique fondée sur l'usage généralisé de l'automobile », a expliqué Marc Filser.
Les consommateurs, eux, n'ont pas fondamentalement changé et manifestent les mêmes réflexes « culturels » : la peur de ce qu'ils mangent et donc le besoin de se réassurer, la quête simultanée du plaisir et de la santé.
De nouvelles contraintes s'exercent sur les consommateurs aujourd'hui : la pression d'un budget qui se réduit, le manque de temps, mais aussi une nouvelle relation aux déplacements. Le modèle automobile s'essouffle. Le consommateur recherche désormais la proximité tout en réclamant aussi de la diversité.
Les consommateurs ont un énorme besoin de réassurance et de « naturalité ». Ils plébiscitent les circuits courts, le label, les marques, le terroir. Même la connaissance de leur vendeur au supermarché agit favorablement. Dans ce contexte, le bio est un produit magique, investi d'une fonction symbolique.
Les circuits courts pourraient atteindre 10 % du marché. Mais déjà les grandes surfaces ont fragmenté leur offre pour répondre aux nouvelles attentes : théâtralisation de leurs nouvelles enseignes à l'image des magasins à l'ancienne des Boulangeries Paul, création de commerces de centre de ville comme les Carrefour Market ou les Daily-Monop, vente par internet avec « magasin-drive » pour récupérer la marchandise comme chez Auchan ou Intermarché....
Aucune forme de distribution, selon Marc Filser, n'a jamais disparu. Elles se réadaptent vite car il n'y a pas de barrière à l'imitation.