La répercussion de l'augmentation des cours des matières premières agricoles sur les prix de l'alimentation au cours des prochains mois est « inéluctable », a déclaré jeudi le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, sur la chaîne I-télé.
« Nous essayons de contenir cette augmentation mais il y aura forcément une répercussion sur les prix de l'alimentation. Elle est inéluctable », a souligné le ministre.
La volatilité des cours des matières premières est « un problème pour tous les paysans, mais elle est un problème pour nous consommateurs », a-t-il rappelé en pronostiquant que les Français verront « dans les prochains mois le prix de la baguette de pain, des pâtes, de la farine, de l'huile, de tous les produits de première nécessité, de la viande, bien entendu augmenter ».
Bruno Le Maire a fait valoir que cette volatilité faisait peser un grand danger sur toute la planète, confrontée à « un risque considérable d'émeutes de la faim, à nouveau cette année ou l'année prochaine » sachant que « les pays en développement ne peuvent pas payer le blé au prix auquel il est parvenu ».
Dans ce contexte, le ministre a dit avoir « échangé » avec « les amis indiens, chinois, et russes » en faveur d'une « meilleure coordination à l'intérieur du G20 » en vue d'établir des « pistes de travail ».
Le G20, que la France préside cette année, réunit les principales économies développées et émergentes de la planète.
Parmi ces pistes figure par exemple la possibilité de mettre en place, dans le cadre de l'OMC, un mécanisme visant à empêcher qu'un Etat ne décide unilatéralement d'interrompre ses exportations, comme la Russie, confrontée à une grave sécheresse l'été dernier, l'avait fait avec son blé, provoquant ainsi une hausse de 70 % du cours de la céréale.
Il s'agit d'envisager « des dispositifs qui interdiraient aux Etats ce type de décision ou qui limiteraient ces décisions », a indiqué le ministre.
« Si un accord entre les 20 Etats dit voilà, il n'est plus possible de restreindre les exportations de manière unilatérale, surtout à destination des pays les moins avancés de la planète parce que cela crée des situations de famine, (...) si nous avons un accord écrit (...) et si nous décidons que, dans le cadre de l'OMC, cette décision doit être prise, (...) nous pouvons avancer de manière concrète », a-t-il expliqué.
Les ministres de l'agriculture du G20 se retrouveront en juin à Paris pour tenter de trouver des solutions à la volatilité des prix des denrées alimentaires.
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