Dans le cadre des négociations commerciales entre l'industrie agroalimentaire et la grande distribution, Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, et le secrétaire d'Etat au Commerce, Frédéric Lefebvre, ont appelé mercredi à « une répercussion juste et contrôlée de l'augmentation des prix des matières premières agricoles, sur les prix de l'alimentation ».
« Nous sommes là pour défendre le pouvoir d'achat des producteurs comme des consommateurs, a souligné Bruno Le Maire. Il faut trouver un juste équilibre entre la nécessaire rémunération des producteurs agricoles et la défense du pouvoir d'achat des consommateurs ».
Transparence
Saluant le « volontarisme déployé par le ministre de l'Agriculture », la Confédération française de l'aviculture (CFA) rapporte que « les représentants de la grande distribution ont indiqué qu'ils comprenaient les difficultés des secteurs de production animale et qu'ils accepteraient des hausses mais dans la mesure où elles seront clairement justifiées par une incidence réelle des augmentations des prix à la production avec une meilleure transparence des prix de revient ».
« L'augmentation des prix devient aujourd'hui inéluctable », considère l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), qui appelle à « une réaction responsable de l'ensemble des acteurs de la filière », et en particulier de la grande distribution. « L'ensemble du secteur alimentaire subit l'envolée du prix des denrées sans pouvoir la répercuter auprès des distributeurs, qui sous couvert de débat sur le pouvoir d'achat, sont prêts à mettre à genoux l'ensemble du tissu industriel. (...) Il n'est pas admissible que les distributeurs utilisent le rapport de force pour obtenir des avantages non justifiés, et en particulier, le report de l'augmentation des charges contraintes, uniquement sur leurs fournisseurs. »
Jérôme Bédier, le président de Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), a rappelé que la grande distribution « accepterait les hausses jsutifiées par la fambée du prix des matières premières ».
De son côté, Coop de France défend « le principe du calcul d'un indice des coûts des matières premières comme élément de négociation à la hausse comme à la baisse, dans un souci de loyauté et de transparence vis-à-vis du consommateur. Seule la prise en compte d'un tel indice par la grande distribution pourra permettre la contractualisation interfilière (céréaliers-éleveurs) souhaitée par le ministre ».
Gare aux abus
La Confédération paysanne dénonce « la volonté du ministre de vouloir augmenter les prix au détail de certains produits alimentaires soi-disant pour en faire profiter les producteurs. Les éleveurs n'ont jamais profité des augmentations qui ont déjà eu lieu ces dernères années. La solution est la fixation d'un prix minimal aux producteurs qui leur permettra de vivre dignement de leur travail ».
Pour la FNSEA, « cette hausse ne sera légitime que si elle est, en toute transparence, corrélée aux coûts des matières premières et à leur part dans le produit fini. En effet, il ne s'agirait pas que ces hausses justes et justifiées servent d'alibi à des prises de marge excessives par les acteurs de la filière alimentaire et des distributeurs ».
Sur ce point, Frédéric Lefebvre a prévenu : « Nous ne voulons pas que de ces discussions les dindons de la farce soient les consommateurs ou les producteurs ou les PME qui subissent cette tension sur les matières premières. Nous faisons confiance aux acteurs des négociations, mais il y a des armes prévues par la loi que je n'hésiterai pas à utiliser si l'Observatoire des prix et des marges constate des abus. »
Le gouvernement organisera une nouvelle rencontre entre les acteurs de la filière « d'ici au 1er mars », afin de faire le point sur les négociations commerciales et sur la mise en œuvre de cette mesure.