« La plainte contre l'Allemagne des professionnels de la viande réunis au sein du collectif contre le dumping en europe a été enregistrée par la Commission européenne », a annoncé Pierre Halliez, le directeur du Syndicat des entreprises françaises des viandes (Sniv-SNCP), mercredi lors d'une conférence de presse.
Depuis l'automne, le collectif dénonce l'emploi dans les abattoirs outre-Rhin de main-d'œuvre à bas coût venue des pays de l'Est. Par cette plainte, les professionnels français demandent à la Commission européenne et au gouvernement français d'obliger l'Allemagne à payer ces travailleurs au même prix que les salariés allemands.
De l'autre côté du Rhin, les abattoirs ont massivement recours à de la main-d'oeuvre des pays de l'Est. Ce personnel est employé par des sociétés intermédiaires qui les envoient en Allemagne pour « une prestation de service »
Les entreprises allemandes considèrent que ce sont des travailleurs détachés. Or, ces personnes sont employées de façon permanente et sont encadrées par du personnel allemand. « Ces travailleurs, appelés à tort détachés, sont en fait des intérimaires », estime Jean-Paul Mingasson, du cabinet d'avocats Fidal.
Or, si pour les travailleurs détachés, les entreprises n'ont aucune obligation par rapport au droit allemand, ce n'est pas le cas des intérimaires. Une loi prévoit qu'ils doivent bénéficier d'une rémunération équivalente à celles des salariés allemands.
Les abattoirs les rémunèrent actuellement à moins de 7 euros de l'heure, alors que le coût de la main-d'oeuvre est de 15 euros en Allemagne, et de 20 euros en France. « Cette distorsion de concurrence coûte chaque année 125 millions d'euros à notre entreprise, estime Emmanuel Commault, le directeur de Cooperl Arc Atlantique. C'est plus que nos investissements. »