L'agence d'évaluation financière Moody's a abaissé d'un cran la note à long terme des banques françaises Crédit Agricole SA, BNP Paribas et Société Générale, en y attachant une perspective négative, a-t-elle annoncé vendredi dans des communiqués distincts.
Cette décision intervient à l'issue d'un examen approfondi lancé le 15 juin 2011, et prolongé à la mi-septembre, précise l'agence.
Crédit Agricole SA bénéficie désormais d'une note de dette à long terme « Aa3 », et d'une note de solidité financière abaissée d'un cran à « C- ».
La probabilité que ces trois banques « bénéficient d'un soutien des pouvoirs publics si nécessaire reste très élevée », a notamment relevé Moody's, précisant que les conditions des marchés bancaires et de dette d'Etats en Europe ainsi que le contexte macro-économique en général, l'ont conduit à assortir les notes d'une perspective négative.
L'agence estime que, pour les trois établissements, les éléments positifs (forte position sur le marché domestique, bonne diversification, revenus stables) « sont désormais contrebalancés par des contraintes en matière de liquidité et de financement ».
Et depuis le début de son examen des notes des banques en juin, « la sévérité de la crise dans la zone euro s'est aggravée » et, étant donné leur position de premier plan dans la zone euro, les trois établissements « sont nécessairement affectés par l'environnement opérationnel fragile pour les banques européennes ».
La dégradation « importante » des conditions en matière de liquidité et de financement a contraint les trois banques à se tourner de manière « considérable » vers les marchés de gros de financement et la probabilité qu'elles aient à subir des pressions supplémentaires a grossi avec l'aggravation de la crise de la dette en Europe, a relevé Moody's.
L'agence estime que la refonte de certaines activités mise en œuvre par les trois poids lourds « est susceptible de permettre une réduction de ces besoins de financement sur les marchés de gros ».
« Cependant, étant donné que de nombreuses autres banques à travers l'Europe ont engagé des démarches similaires, il y a un risque croissant que les ventes d'actifs nécessaires se fassent au détriment du capital », a relevé Moody's.
Le groupe Crédit Agricole, maison mère de Crédit Agricole SA, et BNP Paribas conservent un porte-feuille, certes réduit, mais toujours important d'obligations d'Etat, a-t-elle noté.
Le fait que les économies de ces Etats subissent également des problèmes de financement pourrait par ricochet exposer les deux banques à des risques accrus en matière de crédit et de liquidité, selon l'agence, qui note une exposition « modeste » de la Société Générale aux dettes souveraines qui n'est pas pour autant totalement épargnée par la menace.