Lors d'une conférence de presse, le 18 février 2014 à Paris, l'Association des Brasseurs de France, par la voix de son président Philippe Vasseur, a fait part de sa volonté de signer un pacte de responsabilité avec les pouvoirs publics pour participer au redressement productif de la France.
Une réaction de la profession qui fait suite aux déclarations du président de la République, François Hollande, en la matière le 14 janvier dernier. Pour autant, les trois engagements que proposent les brasseurs ne se feront pas sans contres-parties.
Le premier engagement est l'investissement de 220 à 250 millions d'euros d'ici à 2017 dans la brasserie afin de pérenniser le tissu industriel dans les territoires et de recruter 800 personnes, pour moitié en remplacement de départs à la retraite et le reste en nouvelles embauches.
Cependant, Pascal Chèvremont, délégué général de l'association, reconnaît que ces investissements répondent à la tendance normale observée par la profession avant la hausse des droits d'accises (taxe sur le degré d'alcool de la bière) en 2013. Cette hausse de taxe, cumulée avec des facteurs climatiques, aurait participé à une baisse de la consommation des volumes de bière en France de 3 % en 2013 à la fin de septembre.
Pour engager ces investissements, les Brasseurs de France demandent « un moratoire fiscal et une fiscalité équitable car la hausse des droits d'accises de 160 % en 2013 a hissé la France parmi les dix premiers pays les plus taxés de l'Union européenne ». Autre sujet de ressentiment pour les brasseurs, le fait que la bière contribue à hauteur de 23 % des recettes fiscales sur l'alcool en France, alors qu'elle ne représente que 18 % de la consommation en degrés d'alcool.
Deuxième engagement, une implication plus importante de la profession, aux côtés des pouvoirs publics, dans la prévention pour lutter contre la consommation abusive d'alcool et promouvoir une consommation responsable. « Plutôt que de faire monter la consommation des habitués, on préfère recruter de nouveaux buveurs », a lancé Philippe Vasseur.
Pour atteindre cet objectif, les Brasseurs proposent qu'une partie des taxes collectées sur leurs produits soit affectée à la prévention au sein d'un partenariat entre les pouvoirs publics et les industriels de la brasserie. Selon Philippe Vasseur, si on attribue 1 % de la hausse des droits d'accises sur la bière à l'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé), ce sont 8 millions d'euros qui seront affectés à la prévention. Il demande aussi un aménagement de la loi Evin pour que la profession puisse communiquer de façon pédagogique auprès du grand public sur ce qu'est une consommation responsable de bière.
Enfin, le dernier engagement vise à créer un label « Brasseurs de France » pour défendre le patrimoine et le savoir-faire brassicole. Ce label certifierait la traçabilité et le respect des normes sanitaires et éthiques à tout produit d'appellation « bière ». Cependant, concernant la traçabilité, Philippe Vasseur a indiqué qu'aucune garantie liée à l'origine française des orges utilisées en malterie puis en brasserie ne sera permise par ce label.
En échange, les brasseurs attendent des autorités la mise en place d'une formation qualifiante rendue obligatoire pour exercer la profession de brasseur. Autre objectif, que les pouvoirs publics mettent en place une certification fondée sur un cahier des charges, garant des bonnes pratiques d'élaboration de la bière de qualité, au moment où le nombre de brasseries se multiplie partout en France.