Le Premier ministre britannique, David Cameron, a scellé vendredi à Bruxelles une alliance avec la France et l'Allemagne pour imposer un gel du budget de l'UE jusqu'en 2020 au nom de l'austérité, une initiative qui inquiète leurs partenaires.
« Demain, (la chancelière allemande) Angela Merkel, (le président français) Nicolas Sarkozy, moi-même et certains autres partenaires allons publier un texte affichant nos objectifs » en la matière, a déclaré David Cameron à la presse à l'issue d'un sommet de l'Union européenne à Bruxelles.
Deux autres pays se sont ralliés à cette croisade : les Pays-Bas et la Finlande.
« Cinq, ce n'est pas beaucoup », a ironisé un diplomate belge. Mais « vous avez les trois plus grands pays de l'Union européenne », a fait valoir David Cameron.
L'idée est d'obtenir « un gel en termes réels » du budget de l'UE, c'est-à-dire une hausse n'allant pas au-delà de l'inflation, à la fois pour les années 2012 et 2013 – qui marquent la fin de la période budgétaire en cours – et pour la période suivante qui débutera en 2014 et s'achèvera en 2020.
« Au moment où tous les pays membres de l'Union européenne font des efforts extrêmement importants pour stabiliser, voire réduire leur budget, ce n'est pas le moment que le budget européen augmente plus qu'il ne convient », a déclaré Nicolas Sarkozy.
L'initiative divise. Le président de l'UE, Herman van Rompuy, a d'ailleurs dû faire preuve d'autorité pour empêcher David Cameron de lancer son initiative pendant le sommet, indique un membre de son entourage.
« Je ne pense pas que ce soit utile et je ne pense pas que l'on montre ainsi une grande vision européenne », a lancé, agacé, le ministre polonais aux Affaires européennes, Mikolaj Dowgielewicz, dont le pays va présider l'UE au second semestre de 2011.
Favorable sur le principe à une plus grande rigueur, le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, juge pour sa part « inopportun » de lancer dès maintenant une telle initiative qui ne peut que diviser les Européens.
« Cameron n'avait rien à dire pendant ce sommet, parce que la Grande-Bretagne n'est pas dans l'euro. Alors il mène ses croisades pour pouvoir crier victoire en rentrant à Londres où on lui demande à quoi ça sert de participer à ces réunions », a commenté, acerbe, un diplomate, sous couvert de l'anonymat.
Au Parlement européen, qui codécide sur le budget, l'alliance n'a guère été appréciée.
« Je ne comprends pas pourquoi des Etats comme la France et l'Allemagne permettent à ce provocateur à Londres de se comporter comme cela », s'est insurgé le chef de file des élus socialistes au Parlement européen, Martin Schulz.
Les Verts ont abondé dans ce sens en dénonçant vendredi un « coup budgétaire aux relents populistes ».
Au sein de l'UE, plusieurs pays estiment que Londres a conclu un pacte de non-agression avec Berlin et Paris : le « rabais » britannique sur le budget de l'UE serait maintenu tandis que les aides agricoles, auxquelles tiennent la France et l'Allemagne, ne seraient pas réduites.
« Mais si on ne baisse pas les dépenses pour l'agriculture, si on augmente les dépenses pour des projets comme Iter et Galileo et si on ajoute 7.000 fonctionnaires en plus dans le service d'action extérieure (de l'UE), on ne peut que réduire les dépenses pour la cohésion », c'est-à-dire pour les régions défavorisées de l'Europe, a expliqué Martin Schulz.
Or, les pays du sud et de l'est de l'Europe, emmenés par la Pologne, refusent qu'on s'attaque à ces dépenses dont ils profitent largement.
Les négociations pour le prochain budget pluriannuel des 27 doivent commencer l'an prochain. Le budget actuel de l'UE représente environ 1 % du produit intérieur brut européen, soit quelque 1.000 milliards d'euros sur sept ans.
Pour sa part, le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a déclaré vendredi à Agen, à l'occasion d'un séminaire sur la ruralité, que le budget de la Pac était « une priorité absolue pour la France » qui veut le « maintenir en l'état ».
« Le budget de la Pac, c'est une priorité absolue pour la France. Nous voulons (le) maintenir en l'état » pour « avoir une agriculture qui réponde à des règles environnementales et sanitaires qui sont les plus strictes au monde », a-t-il déclaré lors d'un point de presse tenu à l'issue de son discours de clôture du séminaire national du réseau rural français, qui se déroulait jeudi et vendredi à Agen.
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le gel
lundi 20 décembre 2010 - 13h37
J'espère que notre cher président a pensé à geler son salaire! Geler un pan de l'économie la plus utile est grave. Il est regretable de voir une telle méprise de l'agriculture. Mais il est vrai que les syndicats sont pour, et leurs dirigeants bien arrosés, pour se taire. La seule méthode est une baisse de la production mondiale. Combien d'entre ce sont suicidés en 2010, cela ne choque point. Agriculteur reveille-toi. lacoste 40