Xavier Beulin, président de la FNSEA, a demandé un rendez-vous au Premier ministre, Manuel Valls, après les manifestations paysannes de Morlaix (Finistère) et à la veille de réunir ses fédérations jeudi à Paris.
« Le coup de colère d'agriculteurs du Finistère nous interroge tous », écrit M. Beulin dans une lettre à M. Valls.
S'il prend soin de réaffirmer que la FNSEA « ne cautionne (pas) la violence et ses dérives », son président juge que « force est de constater qu'elle traduit l'immense désarroi des agriculteurs et la dégradation des conditions d'exercice de leur métier ».
Evoquant « l'exaspération qui grandit » dans les campagnes, M. Beulin explique que la réunion jeudi du réseau FNSEA « a vocation à porter nos revendications de bon sens, à même de redonner espoir aux paysans et à leurs familles ».
Pour lui, l'embargo russe décrété en août contre les produits agroalimentaires européens n'a fait « qu'accentuer les difficultés de filières déjà fragilisées par des prix » trop bas et le manque de compétitivité.
« Depuis des mois » indique-t-il, la FNSEA a alerté le gouvernement « sur le besoin de simplifier les normes, d'alléger les contraintes et de soutenir l'investissement et la modernisation des exploitations ».
« Dans cette situation d'urgence et d'instabilité, je sollicite un rendez-vous afin de vous présenter nos priorités pour affronter cette crise économique, sociale et morale des campagnes françaises », écrit-il.
Xavier Beulin, qui semble ainsi reprendre l'initiative après les mouvements de colère de la base et alors que les représentants des coopératives légumières bretonnes sont reçues mercredi matin au ministère de l'Agriculture, rappelle au Premier ministre son discours devant les Jeunes Agriculteurs (JA) en septembre, discours « dont nous partageons l'esprit » et qui « ne peut rester lettre morte ».
Manuel Valls, applaudi, avait joué l'apaisement avec le monde agricole et notamment promis l'amendement d'une directive sur les nitrates devenue le symbole du « mille-feuille réglementaire » asphyxiant fréquemment dénoncé par le monde paysan.