Des militants de l'organisation Oxfam ont dénoncé mercredi à Tokyo, où se tient le sommet annuel du FMI et de la Banque mondiale, l'« accaparement des terres » dans le tiers-monde et appelé les grands argentiers de la planète à contrôler les prix des aliments.
Habillés en hommes et femmes d'affaires, costumes et ensembles noirs stricts, sept personnes, les mains pleines de billets de banque, ont joué les investisseurs qui achètent des dizaines de milliers d'hectares de terres, manœuvrant de petites excavatrices en train de ramasser des fruits et des légumes factices en papier sur une carte de l'Afrique.
« Servez-vous ! Il n'y a qu'un million de personnes ici ! C'est pas cher ! Passe-moi des ananas », criaient les manifestants du groupe Oxfam, à environ un kilomètre du centre international où vont se dérouler les assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale à partir de vendredi.
Oxfam a appelé la BM à geler temporairement ses investissements agricoles que l'organisation qualifie d'« accaparement ».
« Alors que les prix alimentaires grimpent, les investisseurs achètent d'énormes surfaces. Ces dix dernières années, une surface équivalente à six fois celle du Japon a été vendue dans les pays en développement », indique Oxfam dans un communiqué.
« Et trop souvent, ces transactions ne sont que des saisies dans lesquelles les pauvres sont expulsés sans consultation et sans compensations. »
La directrice de la campagne d'Oxfam pour les terres, Hannah Stoddart, a qualifié la situation d'« urgente ». « En 2008, lors de la dernière hausse importante des prix alimentaires, les investissements et achats fonciers ont grimpé de 200 % », a-t-elle affirmé.
Un porte-parole de la Banque mondiale a réfuté les arguments d'Oxfam, précisant que la banque avait investi l'an dernier plus de 5 milliards de dollars dans l'agriculture de pays en développement et à revenu intermédiaire.
Le 4 octobre, le directeur général d'Oxfam, Jeremy Hobbs, avait déclaré que « la BM est la mieux placée pour éviter que ce phénomène (l'accaparement de terres) ne devienne l'un des plus grands scandales du XXIe siècle ».
Il avait souhaité qu'à l'occasion de son assemblée annuelle à Tokyo, du 12 au 14 octobre, la BM « envoie aux investisseurs du monde entier un signal fort selon lequel ils doivent mettre fin à l'accaparement des terres » et veille à améliorer la transparence des transactions foncières, en accord avec les communautés concernées.