Les six personnes liées au monde agricole et interpellées mercredi dans le cadre de l'enquête sur les incendies de bâtiments publics de Morlaix (Finistère) en septembre dernier, ont été mises en examen jeudi mais laissées libres, a annoncé le parquet de Brest.
« Six personnes ont été placées en garde à vue, toutes ont été mises en examen », a annoncé le procureur de le République de Brest Éric Mathais lors d'une conférence de presse.
Trois ont été mises en examen dans la matinée et trois autres dans l'après-midi. Les six sont des hommes.
Aucun n'a fait de commentaire en sortant du palais de justice de Brest, devant lequel une soixantaine d'agriculteurs s'était rassemblée, a constaté un correspondant de l'AFP.
Les six hommes ont été mis en examen pour « destruction par moyen dangereux » de biens publics, en l'occurrence le centre des impôts et le bâtiment abritant la Mutualité sociale agricole (MSA) de Morlaix, mais aussi « dégradation de bien d'utilité publique » et « entrave aux secours », a indiqué M. Mathais.
Il a précisé que la peine maximale encourue est de dix ans de réclusion criminelle. « Ils contestent globalement tous leur implication dans les faits », a-t-il cependant souligné.
« Quinze personnes pour interpeller une personne devant des enfants »
Les incendies s'étaient produits dans la nuit du 19 au 20 septembre 2014, au cours d'une manifestation contre les règlementations administratives et fiscales, à laquelle participaient une centaine de légumiers du nord du Finistère.
Les dégâts causés par les incendies des deux bâtiments sont estimés à 2,5 millions d'euros.
Un militant des Bonnets rouges a déjà été mis en examen dans le cadre de cette affaire pour les mêmes faits mais uniquement en ce qui concerne l'un des deux bâtiments.
L'homme, âgé de 40 ans et placé sous contrôle judiciaire, a reconnu avoir participé à la manifestation mais contesté son implication dans les incendies.
« Les responsables politiques n'ont pas pris leurs responsabilités, alors que l'année 2014 a été une année de crise pour les agriculteurs », a dénoncé Guénolé Kerbrat, des Jeunes Agriculteurs (JA), interrogé par l'AFP et venu soutenir les personnes mises en examen. Il a en outre regretté la façon dont elles avaient été interpellées : « Quinze personnes pour interpeller une personne devant des enfants, c'est pas des méthodes ça », a-t-il déploré.
Jean-François Jacob, président de la Sica de Saint Pol-de-Léon, première coopérative légumière française, présent lui aussi devant le palais de justice, avait annoncé au début de la semaine une « année noire » pour sa coopérative, regrettant que les mesures annoncées le 24 septembre par le gouvernement pour venir en aide aux agriculteurs n'aient « pas été respectées ».