Des élus du Limousin ont applaudi lundi la déclaration d'utilité publique de la ligne à grande vitesse (LGV) controversée Limoges-Poitiers, évoquant les retombées pour l'emploi, le désenclavement de Limoges, tandis que les opposants envisagent déjà un recours.
Le président de la Région Limousin, Gérard Vandenbroucke (PS), le maire de Limoges Emile-Roger Lombertie (UMP), la présidente de Haute Vienne, Marie-Françoise Pérol-Dumont (PS), ont salué le « courage des plus hautes autorités de l'Etat », malgré le contexte national des derniers jours, pour déclarer la LGV d'utilité publique avant la date-butoir de lundi.
Les travaux de la LGV Poitiers-Limoges ont été déclarés dimanche « d'utilité publique et urgents » dans un décret paru au Journal officiel, signé du Premier ministre et de la ministre de l'Ecologie.
Le projet de LGV Poitiers-Limoges (115 km) avait été pointé du doigt par la Cour des comptes dans un rapport en octobre. Les Sages jugeaient le réseau français à grande vitesse « peu cohérent » et trop coûteux par rapport aux ressources disponibles. Et doutaient notamment d'une « rentabilité socio-économique minimale » de cette LGV, entre autres.
« De l'emploi pour près de 5.000 personnes »
Les élus limousins ont reconnu avoir pesé de tout leur poids ces derniers jours auprès de l'exécutif, pour obtenir la décision.
Le président de la chambre de commerce et d'industrie de la Haute-Vienne, Jean-Pierre Limousin, a misé sur des retombées immédiates avec « de l'emploi pour près de 5.000 personnes » sur un chantier de trois ans. Qui ne devrait toutefois débuter avant 2030, le délai pour les expropriations étant de quinze ans.
M. Vandenbroucke a dit s'attendre à des recours contre la DUP, mais « cela n'empêche pas le dossier d'avancer, notamment de procéder aux premières expropriations ». Même si plus de 95 % des acquisitions de terres se font de gré à gré, ont rappelé les élus.
Les opposants, qui de longue date préconisent, au lieu de la LGV, la rénovation de la ligne existante Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT), ont dénoncé « copinage, mépris et gaspillage » faisant fi de l'avis de la Cour des comptes.
La Fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT) a, quant à elle, dénoncé dans un communiqué « une décision irrationnelle et incompréhensible », annonçant qu'elle allait déposer un recours auprès du Conseil d'Etat.
La FNAUT estime notamment que le projet n'est « pas techniquement justifié » et qu'il est « dangereux pour l'aménagement du territoire » car il fragiliserait, selon elle, la ligne POLT classique, pénalisant la Région Centre et la Creuse.
« Au moment où l'argent public est rare, faut-il donner la priorité à un projet de prestige au détriment d'investissements indispensables pour éviter un enclavement ferroviaire de tout le centre de la France ? », s'interroge la Fédération.
De son côté, le collectif « Non à la LGV – Oui au POLT » s'est dit lundi « révolté par cette décision, et choqué par la méthode », selon son porte-parole Robert Rolland, qui évoque lui aussi un possible recours.