La filière demande l'éligibilité de la luzerne dans les surfaces d'intérêt écologique et la pérennisation du plan protéines.
« Il faut arrêter de nous mettre des bâtons dans les roues. » Les représentants de la filière luzerne déshydratée ont clairement fait valoir leurs revendications, le mercredi 12 décembre 2012, lors de la conférence de presse annuelle de Coop de France déshydratation.
Depuis 2006, date du découplage partiel des aides à la luzerne, les surfaces françaises ont diminué de 25 %. Faisant suite au découplage total en 2012, les agriculteurs reçoivent aujourd'hui un DPU (droit à paiement unique) basé sur leur production individuelle de 2007-2008. La crainte de la filière est de voir les producteurs délaisser les surfaces de luzerne au profit de cultures économiquement plus rentables.
Jean-Pol Verzeaux et Eric Guillemot, respectivement président et directeur de Coop de France déshydratation, ont fait savoir que les attentes de la profession vis-à-vis de la future Pac étaient grandes. D'une part, ils ont exprimé le souhait de pérenniser le plan protéines, qui a représenté cette année une aide de 125 €/ha pour un budget national de 8 millions d'euros. Cette demande entre dans le cadre de l'article 38 relatif au recouplage des aides. Ils ont d'autre part revendiqué l'éligibilité de la culture au sein des « surfaces d'intérêt écologique », au même titre que les légumineuses en général ou le chanvre.
Concernant le plan protéines, M. Verzeaux s'est déclaré « certain que la France puisse en bénéficier pour 2013, voire pour les années qui suivent ». Bien que reconnaissant à l'Administration française pour cette aide précieuse en période de restriction budgétaire, il soutient la nécessité d'un appui à la filière dans la future Pac.
« Nous manquons de luzerne en France pour faire face à la demande structurelle », a affirmé Serge Faller, directeur de Désialis, filiale chargée de la mise sur le marché de la luzerne. Car si les surfaces ont diminué, le marché de la luzerne déshydratée, lui, est porteur. La demande internationale est en hausse, notamment chez les gros producteurs de lait du Moyen-Orient ou de l'Asie. Sans oublier que l'Europe est déficitaire à 70 % en protéines végétales.
La production française de luzerne déshydratée devrait atteindre 770.000 tonnes pour la campagne 2012-13, soit une baisse de 11 % par rapport à l'an dernier (due surtout aux conditions climatiques défavorables). Pour M. Faller, une production s'approchant du million de tonnes permettrait de sécuriser les débouchés dans les années à venir.