L'Organisation des producteurs de grains (OPG, affiliée à la Coordination rurale) critique la proposition de la France, soutenue par l'AGPM, de mettre en place un couvert hivernal sous certification comme pratique équivalente à la diversité des assolements dans le cadre du verdissement de la Pac.
« Les agriculteurs savent bien que derrière un maïs, c'est trop tard pour semer un engrais vert et que rien ne pousse pendant l'hiver, affirme l'OPG dans un communiqué du 31 juillet. Il serait permis de détruire le couvert à partir du 1er février alors qu'un engrais vert se développe réellement en avril ! Il faut être sérieux, une telle mesure n'a aucun fondement sur le plan agronomique et coûtera un ou deux passages de tracteur de plus dans une conjoncture où nous allons vendre du maïs à 130 €/t cet automne ! Dans l'intérieur du Pays basque, les labours commencent en décembre dès que la récolte est finie. »
Pour être valable, le couvert devrait être certifié avec un contrôle tous les trois ans. « Comment va-t-on prouver l'existence d'un couvert, trois ans après, si ce n'est par la présentation de factures de semences certifiées avec des quantités minimales par hectare ? se demande le syndicat. La vente de semences fermières étant interdite, il ne faudra pas prendre le risque de présenter une facture d'avoine ou de triticale acheté à un voisin... »
Un dangereux précédent
« Ce début de certification ne s'arrêtera pas là. Ne soyons pas naïfs, il sera très vite étendu à un contrôle de l'irrigation, de la fertilisation et du désherbage », poursuit l'OPG, qui « met en garde les agriculteurs sur ce danger : les promoteurs de cette mauvaise idée en porteront la responsabilité ».
Selon l'OPG, « la monoculture du maïs est la résultante d'une accumulation d'erreurs de la politique agricole européenne et d'une absence de défense de nos agriculteurs dans les accords commerciaux. Les agriculteurs européens ne sont pas les responsables de cette monoculture, ils en sont déjà les victimes. Ce serait la double peine ! Pourquoi alors condamner nos agriculteurs dans le cadre du verdissement des aides alors que c'est précisément la Commission européenne qui en est l'entière responsable ? »
« Le rôle de la France, au lieu d'accepter cette condamnation de ses agriculteurs innocents et de demander des aménagements de peine, doit avoir une attitude ferme vis-à-vis de la Commission en lui rappelant ses responsabilités et ses erreurs économiques et agronomiques. Il n'y a que comme cela que l'on pourra avancer et se sortir de ce problème. »
Pour l'OPG, il n'y a que deux solutions : « soit l'UE reconnaît ses erreurs et n'impose aucune contrainte à la monoculture dont elle est responsable, soit une Pac reconstruite met en place de véritables conditions économiques pour permettre à nos agriculteurs de développer d'autres cultures dans les zones à maïs. »
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