Les producteurs de lait de la FNSEA, des Jeunes agriculteurs (JA) et de la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait) ont multiplié, ce début de semaine, les actions contre les industriels, dans les grandes surfaces, en appelant à boycotter des produits vedettes comme La vache qui rit, aussi longtemps que leur lait ne leur sera pas payé à un prix « équitable ».
Dans la Manche, premier département en nombre de producteurs laitiers, les producteurs ont sévi dans 59 grandes surfaces, lundi, et poursuivi les opérations désormais quotidiennes consistant à apposer sur certains produits des autocollants appelant à les boycotter, a rapporté Hervé Marie, président de la section lait de la FDSEA.
« Nous avons collé des autocollants "L'entreprise fabriquant ce produit vole les producteurs de lait" sur tous les produits des groupes Bongrain, Bel et Lactalis », a-t-il déclaré à quelques jours de l'expiration d'un ultimatum fixé au 12 août par les producteurs aux entreprises de la transformation laitière.
Les producteurs accusent Bel, Bongrain et Lactalis de manquer à un accord de juin 2009 et de ne consentir à revoir le prix d'achat du lait que quand les cours baissent, pas quand ils remontent comme c'est le cas actuellement.
Les syndicats majoritaires réclament une hausse moyenne de 3,1 centimes par litre de lait acheté aux producteurs. Une partie des industriels refusent et proposent des augmentations bien moindres. Ils arguent de la nécessité de rapprocher les prix français de ceux pratiqués en Allemagne, qui sont inférieurs et ont entraîné en 2009 une augmentation des importations d'outre-Rhin.
A Toulouse, une dizaine de manifestants de la FDSEA, des JA et de la FNPL ont fait de même, lundi, dans les rayons d'Auchan et de Carrefour avec La vache qui rit (un produit Bel), le Caprice des Dieux (Bongrain) et le Camembert Président (Lactalis).
« BOYCOTTEZ - Ce produit est fabriqué par une entreprise qui ne paye pas les producteurs de lait », « ULTIMATUM - Les agriculteurs demandent à cette marque de payer le lait au prix équitable », proclamaient les stickers.
Pour Jean Doumeng, secrétaire général de la FNPL pour le Sud-Ouest, le prix payé actuellement aux producteurs « ne permet pas de couvrir l'ensemble des frais de la production ». « Il faut dégager un revenu, on ne pourra pas tourner à perte longtemps ».
En Midi-Pyrénées, des actions ont eu lieu également à Montauban, Auch ou Albi. Mais la prise de conscience des clients dans les magasins semble se heurter à certaines pratiques estivales. Ainsi Annabel, une mère de famille au centre commercial Auchan de Toulouse, a ignoré l'appel au boycottage et a choisi entre autres deux produits stickés : « le beurre préféré » de son fils pour les hamburgers et un fromage à tartiner. La raison évoquée pour ce deuxième article ? « On part en pique-nique et certains produits sont plus faciles », s'excusait-elle.
En Rhône-Alpes, les producteurs de lait ont fait « des contrôles sporadiques et ponctuels » dans quelques grandes surfaces, avec des affichages sur les linéaires, selon Eric Thébault, responsable de la FRSEA.
Selon un communiqué des syndicats majoritaires lundi soir, les actions de stickage devraient ce poursuivre le mardi 10 août dans le Lot-et-Garonne vers Agen, dans 59 GMS de la Manche, dans le Nord (Douai, Valenciennes, Cambrai et Lille), dans la région rennaise et dans les Hautes-Pyrénées à Tarbes.
Une dizaine de producteurs laitiers de Gironde ont collé mardi des étiquettes « boycottez » et « non-équitable » sur des produits laitiers dans une grande surface de Bègles.
Organisée par la FDESA et les JA de Gironde, cette initiative visait fromages, yaourts, beurre et crème fraîche produits par Bel, Bongrain et Lactalis.
A l'inverse, les producteurs ont collé des étiquettes «équitable» sur les produits laitiers Danone, soulignant qu'il s'agit d'un « producteur vertueux » qui respecte les indices fixés en 2009.
« Les industriels laitiers pourraient faire de nous des extrémistes en puissance » Répondant aux industriels qui évoquent « l'argument de la compétitivité avec l'Allemagne » pour justifier leur réticence à appliquer l'accord interprofessionnel du 3 juin 2009 sur l'évolution du prix du lait, la FDSEA du Finistère a indiqué mardi qu'il s'agissait d'un « leurre ». Ca « n'a pas empêché les fleurons de notre industrie laitière d'augmenter ses profits dans des proportions indécentes », alors que différentes statistiques européennes – dont celles de FranceAgriMer - « confirment la dernière place de la France en terme de revenu de ses producteurs », relève le communiqué des producteurs de lait du Finistère. En outre « le nouvel accord sur la péréquation été-hiver, en vigueur depuis le mois de janvier, s'est traduit jusqu'à présent par des ponctions importantes sur notre paie de lait », fulmine la FDSEA. « Ne pas nous rétrocéder cet été les contreparties positives de cette péréquation serait un casus belli majeur », prévient le syndicat, qui insiste : « La conduite irresponsable des industriels laitiers pourrait faire de nous des extrémistes en puissance ». |
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