Suite à une enquête réalisée auprès de différents opérateurs français impliqués dans le commerce des grains, il apparaît que les blés français récoltés en 2008 sont de très bonne qualité notamment au regard des blés de la Mer Noire. Dès lors, l'enjeu de la campagne commerciale sera de valoriser au mieux cette qualité meunière aussi bien sur les marchés intérieurs, qu'à l'exportation.
Dans le paysage mondial, «la France se distingue cette année par la bonne qualité de ses blés, dont une grande partie est d'ores et déjà éligible pour la meunerie selon les critères internationaux» affirme un responsable de la collecte.
Au contraire, les épisodes pluvieux promettent des blés de qualité décevante en Angleterre et dans les autres pays du nord de l'Europe, mais surtout chez les gros exportateurs de la Mer Noire, Ukraine, Kazakhstan et Russie en tête.
Ainsi les opérateurs s'attendent «à une grande abondance de blés de qualité fourragère sur la scène internationale». La France pourrait alors bénéficier d'une fenêtre de tir favorable à l'exportation sur pays tiers. Il faudra cependant bien veiller à défendre cette «rente de qualité», car «l'abondance de blé fourrager sur les marchés, pourrait aussi entraîner dans sa chute le prix des blés meuniers».
«Pour l'heure, les vendeurs sont aux abonnés absents confie un trader, qui pense que les producteurs sont conscients d'avoir une marchandise de qualité et qu'ils ne sont pas prêts à la brader». Le scénario n'est donc pas impossible de voir la France valoriser à l'exportation ses blés de qualité, délaissant le marché fourrager qui serait laissé aux origines Mer Noire.
Avec une récolte mondiale, qui se confirme de plus en plus abondante, au fur et à mesure que les silos se remplissent en Europe, en Asie, et en Amérique, les prix cèdent du terrain.
Ainsi, «le scénario de marché est fondamentalement inverse à celui de l'an dernier» explique un responsable de la collecte. Et si le producteur sourit généralement au vu de ses rendements, il peut regarder avec amertume, la chute du prix du blé.
Car depuis début juillet, les prix ont ainsi perdu 15 €/t au port de Rouen, et en s'affichant à 185 €/t le 5 août, l'échéance novembre a perdu près de 25 €/t sur les marchés à terme européens (Euronext).
Un opérateur parle ainsi d'une «glissade des prix qui est inquiétante au regard de l'augmentation du prix des intrants».
Pour Patrice Germain, directeur général adjoint à l'OniGC, «la baisse des prix est un premier signal d'un mouvement plus ample de retrait des fonds spéculatifs, des marchés agricoles. Ainsi, selon lui, la volatilité pourrait être moindre pour la prochaine campagne, et les agriculteurs devraient y voir plus clair».
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