Nicolas Sarkozy, en visite jeudi en Aveyron sur le thème de l'agriculture de montagne, a été confronté, lors d'une table ronde à Brommat, à de jeunes agriculteurs offensifs, à l'heure où le secteur traverse une grave crise.
Courtoisie mais fermeté des deux côtés : aux représentants des jeunes agriculteurs du département, qui, tour à tour, lui exposaient leurs difficultés en le pressant d'intervenir, le chef de l'Etat a fait valoir les mesures et les aides déjà prises par son gouvernement.
Il a aussi annoncé que la somme de 350 millions d'euros allait être « sanctuarisée » dans le budget de 2011 pour aider les jeunes agriculteurs à s'installer.
« Dans un contexte de restrictions budgétaires gouvernementales, le président de la République souhaite maintenir les aides directes aux jeunes qui s'installent en agriculture. C'est rassurant, mais ce n'est pas suffisant : nous voulons redevenir les acteurs de la valeur ajoutée de nos produits et ne pas subir la dérégulation », a souligné Jean-Michel Schaeffer, président des Jeunes Agriculteurs, cité dans un communiqué du syndicat, et qui était présent à la table ronde avec Nicolas Sarkozy.
« A l'heure où la LMA (loi de modernisation de l'agriculture) semble remettre en cause l'accompagnement de l'installation, les JA présents sur place ont alerté le chef de l'Etat sur les conséquences d'un tel désengagement. Celui-ci a indiqué qu'il réétudiera le dossier », a-t-il ajouté.
La partie a été rude face à des agriculteurs qui avaient déjà eu l'occasion de lui confier leur désarroi, lors du Salon de l'agriculture en mars dernier, où il s'était engagé à défendre, y compris à Bruxelles, un « secteur stratégique et majeur » pour l'économie française.
L'agriculture est « aussi stratégique que le spatial, l'aéronautique ou les nanotechnologies », a-t-il réaffirmé dans l'Aveyron, précisant « les deux choses incontournables » pour la protection de l'agriculture que sont « les prix et l'installation des jeunes ».
« Méfiez-vous ! Je me suis beaucoup investi »
En 2009, les agriculteurs ont vu leurs revenus dégringoler d'un tiers, après une année 2008 très difficile (-20 %).
« Si on ne fait rien, on perd 42 % des exploitants », a lancé au chef de l'Etat le président des Jeunes Agriculteurs de l'Aveyron, Bruno Montourcy, en insistant également sur le besoin de « formateurs » pour les jeunes.
« Méfiez-vous ! Je me suis beaucoup investi » sur le dossier de l'agriculture, lui a répliqué en souriant le chef de l'Etat.
Il a rappelé le retrait « d'un milliard d'euros de subventions aux céréaliers pour les donner aux agriculteurs » (les éleveurs) et que la France compte 845 établissements d'enseignement agricole pour 160.000 étudiants, avec « un taux d'insertion dans la profession tout à fait extraordinaire, de 85 % » .
S'il donne toutes ces précisions, « ce n'est pas pour être désagréable, c'est pour être précis ».
Mais le président de la FDSEA, Dominique Fayel, n'a pas désarmé : « La crise agricole est générale et sans précédent, nous subissons la dégradation continue de nos revenus depuis trois ou quatre ans. »
« Une bonne politique est une politique qui met en valeur ses atouts. (...) Il faut que l'Europe retrouve un projet agricole », ajoute le responsable syndical.
« On redoute le transfert de charges sur les agriculteurs », a renchéri Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA.
Autre problème soulevé : celui de la grande distribution
« On obligera » les enseignes de la grande distribution « à réduire leurs marges et s'ils ne le font pas, on les taxe et on reversera, sous une forme sur laquelle on est en train de discuter, le produit de cette taxe », a promis Nicolas Sarkozy.
Même détermination présidentielle sur les aides : « L'indemnité compensatoire de handicap naturel (ICHN), je l'ai revalorisée depuis que je suis président de 560 millions d'euros ! On ne peut pas dire que je m'en moque ! », s'est-il exclamé.
Après la table ronde et la visite de l'exploitation agricole où elle était organisée, le président de la République a eu l'occasion de prendre un bain de foule chaleureux sur le marché de Mur-de-Barrèze, à quelques kilomètres de là.
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samedi 03 juillet 2010 - 11h54
Moi je suis céréalier et les aides qui m'ont été retirées vont accentuer mon déficit. Merci M.Sarkozy, nous ne vous oublierons pas. Quant à nous méfier, merci du conseil, mais c'est fait depuis longtemps. Alors débrouillez vous pour inciter l'Europe à canaliser le marché pour que les prix remontent; sinon ce sera la in de l'agriculture et tout le reste est du "pipo".