« L'industrie agroalimentaire et la grande distribution n'abusent pas de leurs marges », c'est, en substance, le résumé du premier rapport préliminaire de l'Observatoire des prix et des marges sur la viande bovine, remis jeudi au ministre de l'Agriculture.
Pour Philippe Chalmin, président de l'Observatoire, il n'y a donc « pas de vilain, ni de méchant ».
« Circulez, il n'y a rien à voir ! »
L'augmentation de la marge brute des industriels et des distributeurs entre 2000 et 2010, constatée par l'Observatoire à un peu plus d'un euro le kilogramme en équivalent carcasse, est « totalement explicable », assure Philippe Chalmin.
Celui-ci y voit l'effet « des charges nouvelles correspondant à des services et à des contraintes supplémentaires » : nouvelles mesures sanitaires, hygiéniques et de traçabilité, contraintes environnementales, augmentation des frais de personnel, hausse des coûts de l'eau et de l'énergie...
Bref, « il n'y a pas eu de hausse des prix en faveur des producteurs, mais les industriels et les distributeurs n'ont pas non plus gonflé leurs bénéfices ». En d'autres termes, « circulez, il n'y a rien à voir ! », indique la FNB (Fédération nationale bovine).
« Les éleveurs ne peuvent qu'être stupéfaits d'une telle analyse, contre toute logique et bon sens », a tout de suite réagi l'organisation syndicale. Cette dernière reproche à l'Observatoire de « ne pas disposer du temps et des données nécessaires pour apprécier réellement la situation. Il a été ainsi réduit à faire appel aux opérateurs concernés pour fournir les explications à la hausse des prix constatés. Les abatteurs et la Fédération de la grande distribution ne se sont pas faits prier pour fournir tous les alibis nécessaires pour masquer leurs gains de marges au détriment des producteurs ! »
Alléger les carcasses
Tout en affirmant que son étude « reflète la réalité de la situation », Philippe Chalmin reconnaît avoir été confronté à un problème méthodologique majeur : l'incapacité de différencier les marges brutes des industriels de celles des distributeurs. L'efficacité de son Observatoire reste décidément suspendue à la bonne volonté des acteurs de la filière à communiquer leurs chiffres.
De son côté, le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, constate « qu il n'y a pas de gagnant dans la filière bovine. Mais il y a des perdants : ce sont les producteurs. Il faut se retrousser les manches pour faire un travail structurel jamais engagé. »
Le ministre propose quatre pistes de travail :
- la réduction des coûts de production,
- un travail sur les débouchés avec notamment l'allègement des carcasses pour mieux répondre à la demande des consommateurs,
- la modernisation de l'abattage,
- et une meilleure organisation de la filière.
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samedi 08 janvier 2011 - 18h32
Ils se moquent du monde. A force ils vont déclencher des émeutes chez les éleveurs