Les échanges de viande et de bovins vivants progressent malgré une production à peine stable. Ces flux laissent entrevoir une mutation de la demande, notamment dans les pays émergents.
L'Institut de l'élevage (Idele) a tenu, le 4 juin 2015 à Paris, sa journée consacrée aux marchés mondiaux de la viande. L'occasion de faire le point sur des échanges en constante mutation et qui, à en croire les intervenants, n'ont pas fini d'évoluer. Tandis que la production mondiale de viande bovine peine à décoller, les échanges ne cessent de progresser. « Dopées par la demande des pays émergents, les exportations des dix principaux pays fournisseurs ont bondi de 9,5 % en 2014 », estime Caroline Monniot (Idele). « A eux seuls, ces dix exportateurs représentent 83 % du marché mondial. »
Du côté des bovins vivants, la tendance est aussi à la hausse. Même sur le pourtour méditerranéen, qui souffre d'une croissance économique plutôt atone. « L'Egypte et le Liban ont importé davantage d'animaux en 2014, assure Fabien Champion (Idele). Ailleurs, les chiffres sont en retrait, ce qui laisse envisager une année positive en 2015 puisque les marchés n'ont pas été encombrés l'an dernier. » Fortement concurrencée par les viandes indiennes à bas prix, l'Europe pourrait toutefois tirer son épingle du jeu avec une parité de change plutôt en faveur de l'euro, et une qualité sanitaire reconnue comme étant supérieure aux produits indiens.
L'Europe avance ses pions
Outre les questions de production, l'une des interrogations de la journée a porté sur la levée des barrières, sanitaires comme tarifaires. « Elles dépendent surtout des situations politiques », note Fabien Champion, en répondant à une question sur les 300 kg maximum autorisés par le marché turc. Toutefois, le pays n'a d'autre choix que d'ouvrir ses portes, même prudemment, pour endiguer l'inflation alimentaire subie par sa population. »
Ailleurs, l'Union européenne avance doucement ses pions, notamment à travers des accords bilatéraux de libre-échange négociés ou en cours de négociation. « L'Europe a concédé un contingent à droit nul à des pays qui ne représentent rien sur le marché mondial, sourit Fabien Champion. Mais d'autres négociations sont en cours, notamment avec les Etats-Unis. La question reste entière, puisque les Américains pourraient demander un contingent quatre fois supérieur à celui accordé aux Canadiens, 65.000 tonnes. »