« Nous sommes dans un monde extrêmement ouvert et volatile, dans lequel la viande française doit mesurer les défis et les opportunités », a déclaré jeudi Jean-Pierre Fleury, le président de la Fédération nationale bovine (FNB), en introduction de la journée sur les marchés mondiaux de la viande bovine organisée par l'Institut de l'élevage.
Et la première opportunité mise en exergue au fil des exposés, c'est l'exportation vers de nouveaux marchés. Tous les intervenants semblent s'accorder sur un même constat : la consommation mondiale de viande bascule vers le Sud, tirée par l'expansion des classes moyennes. Une opportunité, donc, pour nos exportations, à condition de se positionner face à nos concurrents, et leurs coûts de production souvent moindres.
En 2013, la production mondiale de viande bovine a progressé alors qu'elle était stable depuis six ans. « Le Brésil arrive au sommet de sa recapitalisation, estime Caroline Monniot, chef de projet à l'Institut de l'élevage. Même tendance pour l'Inde, l'Argentine et l'Océanie. Parallèlement, les productions nord-américaine et européenne déclinent. »
Les flux mondiaux progressent ainsi, et représentent 16 % de la production mondiale, avec l'émergence de nouveaux importateurs. Parmi eux, l'Asie, et surtout, la Chine. « Mais ce marché est complètement fermé à l'Europe, que ce soit en viande ou en génétique », a expliqué Jean-Marc Chaumet, chef de projet à l'Institut de l'élevage. Seuls l'Océanie, l'Amérique du Sud et le Canada y sont présents.
Les opportunités se trouvent donc ailleurs. Autour de la Méditerranée, par exemple, où l'offre intérieure ne satisfait pas une demande en hausse. En vif, hors Turquie, les importations y ont ainsi bondi de 25 % en 2013. Mais les celles de viande stagnent.
« La viande indienne, très importée au Liban, en Jordanie, en Égypte et en Algérie, commence à avoir des détracteurs, explique Fabien Champion, chef de projet à l'Institut de l'élevage. Sa qualité est remise en cause. Cela profite à nos exportations en vif. Les achats d'animaux sur pied ont aussi été privilégiés car ils permettent de maîtriser le mode d'abattage et de tirer profit du cinquième quartier. »
Ce dynamisme du commerce sur le pourtour méditerranéen pourrait contrebalancer en partie l'effondrement des importations turques, suite à la remontée des droits de douane.
« L'élevage européen a beaucoup d'atouts, notamment en matière de sécurité sanitaire, a martelé Peter Hardwick, de l'interprofession bovine et ovine britannique. Bien sûr que nous avons de gros concurrents qui produisent en masse, mais là où il y a beaucoup de production, il y a des problèmes. Soyons positifs, nous avons notre place au sein des échanges mondiaux. »