Une lente poursuite du déficit européen en viande bovine, mais pas de chamboulement. Voilà ce que prévoit l'Institut de l'élevage pour les cinq années à venir.
Dans ce scénario, les experts prévoient que les négociations à l'OMC n'aboutiraient pas. « Un accord sur les bases de juillet 2008 est très peu probable, surtout dans un contexte de stagnation économique », souligne Philippe Chotteau, qui écarte aussi une évolution des politiques environnementales. Affichage environnemental ou taxe carbone ne semblent, en effet, plus au goût du jour.
« Les discours antiviande pèsent sur le moral de la filière, mais ne limitent pas l'attrait de la viande bovine en France », ajoute-t-il. Enfin, la réforme de la Pac en 2013 aura encore peu d'impact sur la production de 2015.
« La production européenne s'effriterait de 3 % et la consommation de 2 % », estime Philippe Chotteau. Ce serait la conséquence d'une réduction de 1,78 million de têtes du cheptel européen entre 2009 et 2013. Au total, l'Union européenne à 27 produirait alors 7,72 millions de tonnes en 2015 et n'assurerait plus que 96 % de son approvisionnement.
Dans le même temps, les importations n'augmenteraient que légèrement. « Le Brésil pourrait accroître son potentiel, si davantage de fermes sont agréées à l'exportation, précise-t-il. Les États-Unis et le Canada devraient aussi remplir leur contingent. Mais, l'Argentine risque de limiter ses exportations, car sa production est en baisse. »
Le manque de disponibilités sur le marché européen tirerait la consommation vers le bas. La France n'échapperait pas à cette morosité. Elle serait l'un des pays les plus impactés par la restructuration laitière, avec une baisse de 11 % du nombre de têtes. Son cheptel allaitant ne serait qu'en légère baisse (5 %).
« La principale inquiétude est l'impact de la crise sur la consommation de viande bovine des pays du sud de l'Europe, souligne Philippe Chotteau. Et notamment sur la viande de haut de gamme issue du cheptel allaitant. L'Italie, la Grèce et le Portugal sont, aujourd'hui, nos principaux clients. »
Il reste une autre incertitude : la révision du zonage ICHN (indemnités compensatoires de handicaps naturels).