Les incertitudes sur le marché du poulet d'exportation handicapent toutes les filières, avec un impact direct sur les éleveurs.
Les marges des éleveurs de volailles se sont dégradées en 2013 et l'année 2014 s'annonce encore plus catastrophique, compte tenu des difficultés sur la filière de l'exportation. C'est ce qui ressort de l'enquête avicole réalisée par les chambres d'agriculture du Grand Ouest (1), présentée le 3 juin à Rennes.
« En 2013, toutes les productions sont concernées par la baisse des marges en lien direct avec la baisse des contrats par les opérateurs et une hausse des charges (gaz, main-d'œuvre...). Et ce, malgré une amélioration des performances techniques en élevage, notamment sur l'indice de consommation », a expliqué Elodie Dezat, conseillère avicole à la chambre de l'Ille-et-Vilaine en présentant l'enquête. Le poulet d'exportation s'en sort plutôt mieux grâce à une très bonne rotation qui dépasse les 8 lots par an.
Mais, depuis le début de l'année, la situation s'est nettement détériorée. Le marché du poulet d'exportation est à la peine depuis la suppression des restitutions qui ne compensent plus les disparités monétaires entre pays. L'entreprise Tilly-Sabco affiche clairement qu'elle ne peut pas exporter sans restitutions. Le groupe Doux dit réussir à le faire. Il le fait sur le dos des éleveurs puisqu'il a réduit de 50 euros la tonne le montant de la rémunération de ses éleveurs.
L'aviculteur n'a pas le choix. D'autant que le marché du frais ne se rétablit toujours pas. « Nous n'arrivons pas à reconquérir les parts de marché sur nos principaux concurrents, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique », explique Didier Goubil, président du pôle avicole des chambres d'agriculture de la Bretagne. Le différentiel de prix est de l'ordre de 130 à 150 €/t sortie abattoir. En cause : les distorsions de concurrence sociales, fiscales et environnementales.
Baisse de la rémunération des éleveurs
Les structures intégratrices ont répercuté les difficultés du marché sur les éleveurs en baissant les contrats de l'ordre de 30 à 50 €/t. « Les restitutions avaient leur raison d'être », estime l'éleveur.
« L'Europe veut un euro fort mais cela pénalise les exportations. En volailles, l'écart est de 200 €/t par le simple effet de la parité monétaire. Il nous faut un système pour compenser ces distorsions monétaires car cela nous met hors jeu, confirme Jean-Michel Choquet, président de la section avicole de la FRSEA Bretagne. L'avenir passe par le maintien de ce créneau. Si le marché de l'exportation s'écroule, ce sont toutes les filières qui vont être déstabilisés par effet domino. »
_____
(1) Enquête auprès de 510 aviculteurs représentant 925.000 m² dans 19 départements de Bretagne, Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Centre, Normandie, Nord-Pas-de-Calais.