Publié le vendredi 11 février 2011 - 15h27
Près de Tours, un magasin fermier a permis à treize producteurs de développer leurs volumes commercialisés en vente directe.
A Chambray-lès-Tours (Indre-et-Loire), treize producteurs ont ouvert à la fin de 2008 le magasin fermier « La Charrette » avec l'aide de la chambre d'agriculture.
Sa particularité est d'accueillir des élèves en formation Bepa et bac pro en vente de produits frais du lycée agricole voisin. Le bâtiment a été financé par le conseil régional, le conseil général et la communauté d'agglomération (1,2 million d'euros).
Le magasin (450 m² dont 200 m² de surface de vente) propose les gammes des treize associés et des produits en achat-revente issus d'une quinzaine d'exploitations.
Résultats en hausse : ventes et emplois
En faisant le choix du magasin « La Charrette », les producteurs ont changé l'organisation de leur commercialisation.
Certains ont réduit leur présence sur les marchés ou la vente à la ferme (caissettes de viande), tout en développant leur chiffre d'affaires.
C'est le cas de la productrice de veaux de lait, dont les ventes sont passées de 30 à 70²animaux par an, ou du Gaec Limouzin qui vend actuellement en direct une vingtaine de jeunes vaches, contre une dizaine auparavant (lire simulation ci-contre).
Quant au maraîcher, il obtient une meilleure marge qu'en grandes surfaces.
Ceux qui vendaient tout sur les marchés enregistrent des prix inférieurs, mais ils s'y retrouvent en consacrant moins de temps à la vente.
Le chiffre d'affaires global du magasin a progressé : de 700.000 euros en 2009 (neuf mois d'exercice), il a grimpé à 1,3 million d'euros en 2010. Cinq emplois ont été créés au magasin, dont un poste de directeur, et cinq autres dans les exploitations.
Temps de permanence : selon le chiffre d'affaires
Le magasin est ouvert du mardi au samedi. Les producteurs se répartissent des temps de permanence.
La moitié du temps de permanence est divisée équitablement entre les treize producteurs.
L'autre moitié est attribuée en fonction du chiffre d'affaires réalisé dans le magasin.
Les chiffres d'affaires les plus élevés sont ceux des producteurs de viande bovine et porcine, de fromages de chèvre et du maraîcher.
Lors des permanences, le rôle de l'agriculteur est d'épauler les permanents (mise en rayon, ménage...) et d'informer les clients sur l'ensemble des produits.
Deux des producteurs ont le statut de cogérants salariés : Gilles Debruyne est chargé de la gestion et Benoît Limouzin s'occupe de l'animation (relations avec les producteurs et les salariés, organisation de la réunion mensuelle...).
Engagement : obligations réciproques
Le magasin s'engage à vendre en priorité les produits des associés et à leur verser l'intégralité de leur chiffre d'affaires en fin de mois.
De leur côté, les agriculteurs doivent assister aux permanences, être présents à la réunion mensuelle, respecter leurs engagements de livraison à La Charrette (qualité et quantité des produits, périodicité, paiement de la commission).
Tous les mois, le magasin émet à chaque producteur une facture pour la commission de fonctionnement, soit 18 % du chiffre d'affaires, sauf pour la viande où le taux est de 20 %.
Jusqu'à sa vente le produit appartient à l'agriculteur, qui assume les invendus. Pour les produits en achat-revente, qui appartiennent au magasin, le taux de marge est plus élevé, 25 % environ.
A télécharger :
• Notre simulation avec Benoît, qui a augmenté ses ventes en y passant moins de temps
13 producteurs associés • Productions : légumes, fruits, viande (bœuf, porc, agneau, veau, volailles, lapins, canards gras), fromages de chèvre et de vache, produits laitiers, escargots, huile • Chiffre d'affaires en 2010 : 1,3 M€ (y compris l'achat-revente) • Clients : 3 500 par mois • Panier moyen : 31 € par client • Permanences : en moyenne une demi-journée par semaine et par producteur |
Expert : XAVIER PELVET, responsable de secteur, CER France Val de Loire « La transparence sur les prix et les marges » « Le magasin permet aux producteurs de créer de la valeur ajoutée sur leurs produits et d'être moins dépendants des distributeurs. La vente sans intermédiaire, sur un lieu géré par les adhérents, assure la transparence sur les prix et les marges, ainsi que la pérennité du système. De plus, elle contribue à valoriser l'image de l'agriculture. Il s'agit aussi d'une aventure humaine où les adhérents partagent une philosophie commune, de respect du produit et de partage de la valeur ajoutée notamment. Cependant, il ne faut pas sous-estimer l'investissement en temps que chacun doit consacrer au magasin, car il peut se faire au détriment de l'exploitation ou de ses associés. Les règles doivent être clairement établies (emploi du temps, compensation financière). » |
par Juliette Talpin
(publié le 11 février 2011)
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