Publié le vendredi 06 mars 2015 - 14h02
Livrer soi-même ses clients prend du temps et représente un coût à ne pas négliger. L'appel à la sous-traitance peut être plus intéressant. Exemple en Picardie.
Les établissements de restauration collective, en particulier les écoles et les collèges, s'approvisionnent de plus en plus en produits fermiers. C'est un nouveau marché intéressant pour écouler des volumes, mais qui impose des contraintes logistiques, notamment en ce qui concerne les livraisons.
« Une des solutions pour éviter que cela ne revienne trop cher est le recours à un prestataire extérieur », explique Laurence Margerin, chargée de mission à la chambre d'agriculture de l'Oise. Dans une étude réalisée en 2014 (1), elle a démontré que le recours à un sous-traitant est souvent intéressant économiquement.
La simulation à télécharger est issue d'un cas réel d'une agricultrice de l'Oise. Chaque semaine, celle-ci assure elle-même les livraisons de ses produits fermiers, avec un véhicule réfrigéré, dans trois collèges du département.
Livraison par soi-même
• Transport à 0,40 €/km
Lorsqu'on évoque le coût de livraison, les agriculteurs pensent spontanément au coût du transport. Pour un véhicule réfrigéré, celui-ci est évalué à 0,4 €/km pour le carburant et l'usure, soit 40 € pour une tournée de 100 km.
• Valoriser le temps passé
Mais, surtout, « il faut estimer et valoriser le temps passé à livrer les clients et le fait que pendant ce temps, il faut se faire remplacer sur l'exploitation », ajoute la conseillère. Dans l'exemple de l'agricultrice, la tournée de 100 km dure trois heures. Catherine est rémunérée au Smic, soit 9,61 € brut/h, et le temps de déplacement lui revient à 29 €, de même que son remplacement. Au total, le coût de revient de la tournée serait proche de 100 €.
Prestataire extérieur
• Moitié moins cher
Le mode de tarification du prestataire peut varier d'une entreprise à une autre, en fonction du nombre de points de livraison et du poids de la marchandise. Dans notre exemple, la facturation serait de 55 € HT. Faire appel à la sous-traitance est donc ici financièrement plus intéressant. Même si l'agricultrice n'avait pas besoin de se faire remplacer sur l'exploitation pendant son absence, son coût de revient, de 69 € par tournée, resterait supérieur à celui du prestataire.
• Obligations légales
Le transporteur doit détenir un bon de livraison. Par ailleurs, « avant de choisir un prestataire, il est essentiel de s'assurer qu'il dispose d'une attestation de conformité pour son véhicule, qu'il est fiable et respecte bien les créneaux horaires de livraison, qu'il est réactif et flexible, conseille Laurence Margerin. Le véhicule servant au transport des marchandises doit être propre et en bon état d'entretien. Le revêtement intérieur doit pouvoir être nettoyé et désinfecté facilement, donc imperméable. » Enfin, il faut veiller à ce que les produits, même emballés, ne soient pas posés à même le sol.
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(1) Etude réalisée dans le cadre d'un projet Casdar, financé par le conseil régional de la Picardie et les conseils généraux de l'Aisne et de la Somme, à partir de l'expérience d'une dizaine d'exploitations agricoles picardes.
A télécharger :
Témoin : LAURENCE MARGERIN, chargée de mission à la chambre d'agriculture de l'oise
« Garder le lien commercial avec ses clients »
« Prendre le temps de calculer ses charges est indispensable, particulièrement en circuits courts. Chaque agriculteur doit faire son propre calcul, car chaque cas est un cas particulier. Pour une longue tournée, avec de nombreux points de livraison, un exploitant peut avoir avantage à assurer lui-même ses livraisons.
Notre étude montre cependant que, dans bien des exploitations, faire appel à la sous-traitance est plus intéressant économiquement que de livrer soi-même ses produits. Assurer les livraisons soi-même est extrêmement chronophage et constitue souvent un point noir en termes de rentabilité économique. Mais cette formule présente l'avantage de rencontrer les clients et d'entretenir ainsi le lien commercial.
S'il opte pour la sous-traitance, l'exploitant doit penser à passer du temps avec sa clientèle, au téléphone ou en échanges de mails, pour ne pas perdre ce lien précieux. L'étude montre aussi que certains producteurs qui font appel à un prestataire ont considérablement développé leurs ventes, car auparavant ils limitaient, même inconsciemment, leur rayon d'action. »
Blandine Cailliez
(publié le 6 mars 2015)
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