Publié le jeudi 26 mars 2015 - 16h52
L'interlocuteur que la FNSEA reconnaît comme valable pour traiter des dossiers agricoles est le Premier ministre et non plus le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. On savait le ministre discrédité aux yeux du syndicat majoritaire mais cette rupture est apparue au grand jour lors de la clôture du 69e congrès de la FNSEA avec des sifflets et des huées à répétition à chaque fois que le nom du ministre était prononcé et en présence de celui-ci à la tribune. Des cartons rouges avaient même été distribués aux congressistes pour appuyer ce vent de contestation. Dans son discours, Xavier Beulin a soigneusement ménagé Manuel Valls, premier chef de gouvernement issu d'une majorité de gauche à participer au congrès de la FNSEA, tandis que toutes ses flèches étaient réservées à Stéphane Le Foll.
Une table-ronde avec les acteurs de la filière porcine et la grande distribution
Les congressistes ont d'autant plus applaudi le Premier ministre que celui-ci leur a tenu un discours de fermeté sur de nombreux points. Une fermeté attendue et qui plaît visiblement aux agriculteurs.
Fermeté vis-à-vis de la grande distribution d'abord, face aux filières en crise. Manuel Valls a annoncé pour le 31 mars la tenue d'une table-ronde avec l'ensemble des acteurs de la filière porcine et la grande distribution « parce que c'est elle qui doit être mise devant ses responsabilités ». « Avec le ministre, nous attendons des résultats concrets et que la grande distribution joue enfin le jeu ». Selon le Premier ministre, la filière porcine doit être sauvée, chacun doit y contribuer et il faut que la grande distribution accepte des hausses de prix. « Les distributeurs bénéficient du CICE et du pacte de responsabilité et de solidarité mais il ne faudrait pas qu'ils essaient de les toucher deux fois, une fois en tant qu'employeur et une fois en tant qu'acteur », a-t-il prévenu menaçant, ajoutant qu'il avait demandé au ministre de l'Economie de se montrer d'une très grande fermeté sur ce sujet-là.
Fermeté aussi vis-à-vis des exactions et des pressions commises à l'égard du monde de la recherche : « Je veux que les chercheurs puissent travailler sereinement dans le domaine des biotechnologies. Une vigilance renforcée sera exercée pour que toutes les incursions dans les laboratoires et toutes les tentatives d'intimidation soient poursuivies. Dans ce pays, la recherche, l'innovation, le progrès doit pouvoir se faire dans la sérénité et la tranquillité, et jamais sous la menace. »
Sur la question des normes, le Premier ministre a reconnu la surenchère française et manifesté son intention d'y mettre fin. » Ces normes devront être alignées sur les standards de nos voisins européens dès la fin de cette année ». Selon Manuel Valls, le moratoire qui s'applique aux retenues d'eau est désormais caduque. « Des barrages pourront être construits », a-t-il déclaré. Concernant la méthanisation, des décisions seront prises en juin pour « lever les freins trop nombreux » qui subsistent.
Pac : aides et acomptes payés « avant la fin de l'année »
A propos de la Pac, le Premier ministre a assuré que le décalage de calendrier pour les déclarations ne remettrait pas en cause le paiement des aides ni celui des acomptes « avant la fin de l'année ». Il a proposé d'entamer d'ores et déjà la réflexion sur la prochaine génération de la Pac, en particulier sur le volet de la gestion des risques avec les outils assuranciels et le volet de l'investissement.
Il a répété que la directive nitrates, qui date d'il y a plus de 20 ans, serait renégociée, même si, pour l'instant, il faut répondre de façon pragmatique aux demandes de mise en conformité adressées par Bruxelles.
Le gouvernement s'engage aussi à faciliter l'accès des agriculteurs au CICE et aux crédits bancaires grâce à un dispositif de garantie. Elles bénéficieront aussi aux jeunes agriculteurs qui s'installent car la bonification des prêts n'a plus le même effet que dans le passé vu les taux bas du marché.
Manuel Valls a annoncé la création d'un comité stratégique de filière consacré aux agroéquipements dans le droit fil des propositions et des préconisations de M. Bournigal (ndlr, le patron de l'Irstea).
Pour lutter contre le sentiment d'abandon qui gagne les campagnes (isolement, fermeture des écoles, des gendarmeries, médecins qui partent à la retraite sans être remplacés), et qui ne date pas d'hier, le gouvernement compte augmenter le nombre de maisons de santé (800 à la fin de l'année contre 600 actuellement) et développer les maisons de service public qui concentrent au même endroit CAF, EDF, SNCF. Il a été réitéré son intention d'éradiquer les zones blanches numériques d'ici la fin de 2016.
Philippe Pavard
jeudi 26 mars 2015 - 22h15
BENJ28
Voir son profil
jeudi 26 mars 2015 - 21h03
crocodile40
Voir son profil
Le commentaire d'article est réservé aux abonnés de La France Agricole.
Si vous êtes abonné, identifiez-vous dans le bloc "services experts"
situé en haut à droite de la page.
Si vous voulez vous abonner et profiter de tous les contenus du site ainsi que de l’édition papier de La France Agricole, cliquez sur le lien ci-dessous :
Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles
Découvrir nos Offres
Titre
dimanche 29 mars 2015 - 19h29
Beau discours en pleines élections. Mais après? D'habitude rien ne se passe et ils continuent comme avant. Quant à M. Le Foll, le plus sage serait de le remplacer: il a un programme et des idées dont les agriculteurs ne veulent pas parce que déconnectés des réalités économiques de l'agriculture.