Publié le jeudi 24 octobre 2013 - 16h26
Les dérogations au cahier des charges « produit de montagne » envisagées par la Commission européenne mettent les filières correspondantes « en danger », estime l'Association européenne pour les zones de montagne (Euromontana) dans un communiqué du 23 octobre 2013. Sont concernés l'alimentation animale et le lieu de transformation.
« Le plus problématique est la décision prise par la Commission européenne d'accorder par défaut, via l'acte délégué, le droit d'étiqueter comme "produit de montagne" des produits qui peuvent avoir été transformés en dehors des zones de montagne dans un périmètre allant jusqu'à 30 km du bord de la montagne. Cela permet de transformer les produits de montagne à Turin, à Milan, dans le couloir rhodanien ou dans presque toute la Slovénie. [...] L'orientation prise par la Commission n'est pas une dérogation mais un complet changement de la règle, qui s'applique à l'abattage, à la transformation du lait et des produits laitiers et de l'huile d'olive : quasi tous les produits. Dans certains cas, comme le fromage ou l'huile d'olive, cela aura aussi un impact sur la qualité du produit final, qui dépend très clairement de l'environnement de transformation et des techniques utilisées qui sont spécifiques de la montagne. »
Aliment porcin : aucun éleveur ne pourrait satisfaire aux futures exigences
« A l'inverse, la Commission a fait le choix d'adopter des exigences strictes concernant l'origine montagne des aliments pour animaux, en demandant un minimum de 60 % d'aliments de montagne pour les ruminants et 50 % pour les non-ruminants, sans aucune référence à des événements climatiques exceptionnels. [...] L'exigence pour les non-ruminants en particulier ne peut être remplie par aucun producteur de porc, même ceux qui pratiquent l'élevage traditionnel de porc en plein air. »
« Par ailleurs, le texte introduit pour la viande de ruminants des conditions d'utilisation du terme plus strictes pour les éleveurs montagnards que pour les éleveurs utilisant la montagne seulement pour la transhumance. Ces incohérences vont générer des confusions. »
En conclusion, Euromontana considère que « ces dispositions risquent d'aboutir à l'exact contraire de ce qui était initialement recherché : les filières authentiques de montagne seront fragilisées par le drainage des étapes à valeur ajoutée vers les zones basses, par l'autorisation d'utiliser le terme "produit de montagne" sur des produits qui n'en sont pas [...] et par l'exclusion de certains produits, comme les charcuteries, du panier des produits potentiellement labellisés "produit de montagne". La déception de la communauté montagnarde, qui voit quinze ans de travail mis à mal, est immense. »
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