Publié le mardi 31 janvier 2012 - 19h05
L'annonce par le chef de l'Etat, dimanche, d'une hausse de 1,6 point de la TVA pour financer des exonérations des charges familiales patronales, a suscité de vives réactions dans le monde agricole, témoignant des divergences de principe sur la question.
Sans surprise, la FNSEA a rapidement salué l'initiative de Nicolas Sarkozy. « Nous avons été entendus, s'est félicité Xavier Beulin, président du syndicat, dès le lendemain. Cela doit permettre de nous rapprocher des coûts salariaux des principaux pays concurrents au sein de l'Union européenne. » Seul regret pour le patron de la « grande maison » : « que tout cela arrive un peu tard »...
Xavier Beulin souhaite que cette mesure s'applique à tous les actifs agricoles, y compris les exploitants agricoles, et pas seulement aux salariés du secteur.
Dans un communiqué, la FNSEA indique lundi que « les modalités d'exonération sur les salaires nous laissent sceptiques car nous souhaitons que les emplois de production soient réellement touchés. La complexité des mécanismes à mettre en œuvre ne devra pas faire oublier l'effcicacité ».
La Coordination rurale, pourtant favorable au principe de la TVA « sociale », s'est quant à elle montrée plus que déçue par la « dose homéopathique » prescrite par le chef de l'Etat. « Son impact sera certain sur les recettes de l'Etat mais illisible sur le niveau des charges sociales », regrette le syndicat, mardi dans un communiqué.
Plus loin : « Après des années d'atermoiements, il est regrettable d'assister à l'abandon d'une vraie réforme urgente, vitale et ambitieuse du financement de la protection sociale, devenu obsolète et pesant de manière insupportable sur la compétitivité et donc sur l'emploi et la croissance du pays. »
Pour le Modef, en revanche, c'est l'idée même d'une augmentation de la TVA en contrepartie d'un allègement des charges patronales, qui coince.
« Le Modef réaffirme son opposition à un tel transfert de charges vers les ménages via un impôt profondément injuste qui va réduire leur pouvoir d'achat, affirme Jean Mouzat, président du syndicat, sur son site internet. Certes, les produits alimentaires à taux réduit ne vont pas être touchés mais comme l'alimentation est la variable d'ajustement des budgets des ménages, cette part va par contrecoup se réduire et impacter les débouchés alimentaires des produits agricoles. »
Et de railler Nicolas Sarkozy et « ses alliés du Medef et de la FNSEA » pour qui « la compétitivité consisterait à produire à des prix toujours plus bas en réduisant le coût du travail salariés et non-salariés ».
A noter que l'exonération totale ou partielle des charges familiales patronales annoncée par Nicolas Sarkozy ne concerne que les salaires compris entre 1,6 et 2,4 fois le Smic. Les employeurs agricoles devraient donc être moins concernés par ce dispositif que par ceux existant déjà pour les bas salaires.
La bataille politique ne fait toutefois que commencer. La mesure devrait être soumise au Parlement dès février dans un projet de loi de finances rectificative, pour une mise en œuvre au mois d'octobre.
Le socialiste François Hollande à d'ores et déjà promis d'abroger cette « mauvaise réforme » en cas de victoire de son camp à l'élection présidentielle, tandis que François Bayrou (Modem), a critiqué « une mesure de dernière minute qui n'aura aucun effet sur le coût du travail ».
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A.Ca.
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