Des comédies humaines

« Les hommes et les femmes sont comme les oliviers, tordus par la vie. Mais, à l'intérieur, il y a toujours quelque chose de beau à trouver », affirme Jean-Pierre George. Le théâtre a pour lui une fonction sociale, il permet de « grandir en humanité ».

Jean-Pierre a fondé sa troupe avec sa compagne Sarah Larher, il y a dix-sept ans, dans les Alpes-de-Haute-Provence. « En compagnie des oliviers » est spécialisée dans les thématiques difficiles : la solitude, la pauvreté, la violence, la maladie, le suicide...

« On parle de souffrances, mais nos spectacles ne sont pas tristes pour autant. Des moments légers, des instants poignants, de la musique et des chansons se mêlent. On soulève des tabous, on se moque, mais toujours avec tendresse. Si le spectateur est heurté, le message ne passe pas », explique Jean-Pierre.

Il s'inspire toujours du vécu

Ce sexagénaire, petit-fils de paysans de l'Ain et fils d'instituteur, a découvert le théâtre quand il fréquentait le lycée agricole de Chaumont, dans la Haute-Marne. Passionné par l'écriture et la mise en scène, il rêve d'en faire son métier.

Mais il devient biologiste, puis directeur de MJC dans l'Aube. Une mission l'entraîne en Provence. Il y reste, élève ses enfants et sculpte le bois d'olivier. Puis, il rencontre Sarah, fille de chevriers et accordéoniste classique. 

Avec douze jeunes en insertion, ils montent leur premier spectacle, sur la prévention du sida. De nombreux autres leur sont commandés. Ils se produisent partout en France en ville et à la campagne.

De contrat en contrat, la compagnie joue pour la MSA d'Ardèche. La représentation étant suivie d'un pot et d'une discussion, on parle des agriculteurs en grande difficulté financière et l'idée d'un nouveau spectacle germe...

Pour construire ses pièces, le metteur en scène récolte de la matière vivante : « Je me documente et je rencontre plusieurs personnes concernées par la thématique. Je passe du temps avec elles, je partage leur quotidien. Je les enregistre, un caméraman les filme. Puis, je rêve la représentation. Je traduis les témoignages en langage artistique, avec de la beauté, des émotions. »

Jean-Pierre élabore ses pièces en pensée, souvent la nuit, quand il conduit pendant les tournées. « Je vois le spectacle comme si j'étais spectateur : les dialogues, les lumières, la musique, les rires, les pleurs, et je n'ai plus qu'à l'écrire. » Et à Sarah de le jouer...

Alexie Valois

(publié le 2 mars 2012)