Jonc et filtres à coco pour assainir l'habitat dispersé

La commune des Herbiers, en Vendée, est une ville de 15.000 habitants. Mais son territoire s'étend sur 8.800 hectares et abrite de nombreux hameaux ou villages, pour lesquels une politique citadine n'est pas toujours applicable.

Ainsi en est-il de l'assainissement, un domaine d'autant plus sensible que le territoire se situe sur le bassin versant de la Butière, une rivière dont le taux de nitrates est trop élevé.

La commune s'est engagée à réduire ce taux à 20 mg par litre, en deçà des 50 mg qu'exige la réglementation.

La ville même des Herbiers dispose d'un système d'assainissement collectif.

Au total, la commune abrite 5.600 abonnés au réseau d'assainissement. Mais 929 foyers n'y sont pas, dont 232 qui présentent un risque sanitaire. Les travaux d'assainissement incombent alors aux propriétaires et la loi leur donne quatre ans pour les réaliser.

Le problème est qu'ils coûtent très cher, de 5.000 à 10.000 euros. « Nous sentons qu'il y a de la rébellion dans l'air », reconnaît Etienne Remaud, adjoint au maire des Herbiers. Notamment chez les agriculteurs, confrontés à d'autres contraintes de mise aux normes.

La commune a choisi d'intervenir là où cela lui était possible et d'aménager des ministations pour traiter les eaux usées. Après les résultats d'une étude confiée à un cabinet indépendant, huit villages vont bénéficier d'un système d'assainissement à la fois collectif et autonome, indépendant de celui de la ville.

Les aménagements sont déjà réalisés dans quatre villages de 20 à 80 maisons et 100 à 300 habitants, selon deux techniques différentes.

A La Pillaudière, où la parcelle consacrée au traitement des eaux usées est en pente, la filtration se fait par des roseaux. « Grâce à la déclivité, il n'y a besoin ni d'eau ni d'électricité. Cela fonctionne par gravité », indique Luc Sauvarin, en charge de l'assainissement à la mairie.

A Serit et Bois-Joly, en revanche, pas de terrain incliné. Un autre système d'assainissement a donc été installé. Une fosse recueille les eaux usées, qui passent ensuite par des filtres remplis de bourre de coco. « C'est un matériau comme de l'éponge, qui conserve longtemps les bactéries, explique-t-il. Il a l'avantage de nécessiter peu de surface. » Dans dix à quinze ans, il faudra le remplacer.

Quant au dernier village, La Lande, il a été raccordé au réseau urbain. Dans ces quatre « écarts », les habitants ont un délai de deux ans pour se raccorder à la station.

Quatre autres villages vont suivre, pour lesquels l'appel d'offres porte sur des normes de rejet et non sur des types de stations. Il y a obligation de résultat, pas de moyen pour y parvenir.

La commune des Herbiers compte « continuer l'effort ». Une nouvelle étude va être lancée, dans le but de descendre le seuil d'habitations à deux ou trois maisons, pour lequel il est possible d'aménager un assainissement collectif. « Pour leurs habitants, cela représente des économies d'échelle et ce sera plus rapide, souligne Etienne Remaud.

La ville investira où c'est possible. Il restera aux familles la charge du raccordement au système. Quant au financement de ces ministations collectives, le budget s'autofinance par le biais de la taxe d'assainissement », assure-t-il.

Enfin, il reste des habitations totalement isolées. La communauté de communes accorde une subvention pour inciter à la mise aux normes. Mais la charge reste encore élevée pour leurs propriétaires…

par Myriam Guillemaud

(publié le 20 août 2010)