vendredi 08 juin 2012 - 19h52
Nourri d'un fonds transmis par ses habitants, le musée du Vieux Tréport restitue la vie simple et besogneuse des gens de la mer.
L'entrée du musée du Vieux Tréport précipite le visiteur dans les bras de la maréchaussée. En effet, deux cellules de dégrisement pour matelots en goguette occupent le rez-de-chaussée de cette bâtisse du XIXe siècle, accolée à l'ancienne mairie, construite sur une ancienne porte de la ville du XVIe siècle. Des murs qui suintent l'humidité et de sombres histoires.
La porte claque. « Ouh, ouh, qui a peur du noir ? » Ce jour-là, le garde en poste ne porte pas d'uniforme. Bernard Laurent ouvre, son visage buriné barré d'un large sourire. Bienvenue dans l'antre des Enfants du Vieux Tréport, association dont il est président.
« Marin pêcheur depuis cinq générations », lance-t-il, les yeux pétillants d'une passion toujours vive. Malgré la dureté d'un métier endossé à douze ans. Le pire est évoqué dans la salle des sauvetages, avec les objets du Saluto, qui a fait naufrage en 1904.
Océan et larmes salés. Bernard Laurent y a laissé trois frères : « En trois minutes, Madame, une voie d'eau et le bateau coule en trois minutes. »
Des drames ? Pas seulement. Avec ces sacs de marins peints, cloués au mur, flotte l'enivrant parfum d'ailleurs. Le quartier des cordiers résonne encore des voix mêlées des gens de mer, charpentiers de marine, ouvriers des saurisseries.
Et des ramasseurs de galets : les noirs étaient réduits en poudre pour la porcelaine anglaise, les gris pour le dentifrice ou la poudre de riz, les « bâtards » pour les routes ou la construction. Ils étaient ramassés, triés, calibrés, chargés dans les cales des navires.
Du Tréport à Etretat, jusqu'à trois cents familles ont vécu de cette « industrie » où les seuls outils étaient la main et le panier d'osier. Les enfants étaient associés à ce vrai travail de forçat.
Après guerre, six familles triaient encore les galets. Les Marcassin furent les derniers à tirer leur révérence en 1985. Quatre tonnes manipulées par jour, à deux !
Si dur pour si peu d'argent. On voit Lucien en photo auprès de Sophie, sa jument, bâtée de deux caisses en bois pour remonter ses 300 kg.
A des années-lumière, vogue la vague des bains de mers, ses cabines et maillots 1900, les premières vacances sur la plage normande. Dans une autre vitrine trône une petite en coiffe et galoche tréportaises, plus vraie que nature.
Plus loin, ces coffrets à bijoux, danseuses, bateaux et autres objets en coquillage... Cela ne vous dit rien ? Cherchez bien. Au grenier des souvenirs, les enfants devenus grands enfourchent encore de grands vaisseaux de rêve en quête de ces trésors.
Y Aller
• Musée du Vieux Tréport, ouvert de Pâques à septembre les week-ends et jours fériés, la semaine sur rendez-vous.
Tél.: 02.35.86.05.69. Site : www.musee-du-vieux-treport.fr
• Office de tourisme : www.ville-le-treport.fr
Mireille Pinault
(publié le 8 juin 2012)
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