vendredi 26 mars 2010 - 17h44
Les jeunes de la Maison familiale rurale du Néracais ont créé un « mur de paroles » pour engager le dialogue avec leurs parents.
« Je suis ton enfant, j'ai quelque chose à te dire. » Collages, poèmes, dessins, BD…, parfois une simple phrase et une photo découpée dans un magazine.
Avec leurs propres mots, tantôt très durs, mettant à jour des souffrances, tantôt tendres et reconnaissants, les 160 enfants accueillis par la Maison familiale rurale du Néracais à Barbaste (Lot-et-Garonne), ont écrit à leurs parents, pour tenter de (re) nouer le dialogue.
« Nous nous sommes aperçu que beaucoup de jeunes ont des problèmes de communication au sein de leur famille, explique Christelle Piechowiak, animatrice à la MFR et coordonnatrice du projet baptisé "Paroles croisées parents-enfants". Certains me confient des choses importantes, qu'ils ne veulent pas dire à leurs parents. Nous avons alors eu l'idée de créer un mur de paroles, composé de messages anonymes des enfants, et de le présenter aux parents. »
Feuilles de couleur, feutres, ciseaux, colle, magazines ont ainsi été distribués au cours des études, des veillées et en cours de français. « L'idée était que les enfants s'expriment, mais pas forcément avec des mots, précise Rachel Mauras, la directrice de la MFR. Nous avions envie qu'il y ait une part de créativité, une recherche artistique. »
Les messages ont ensuite été collés sur un mur du réfectoire, où ils sont restés pendant six mois. « J'avais passé la consigne que je ne voulais pas entendre qui que ce soit se moquer des réalisations affichées, souligne Christelle Piechowiak. Et tous les enfants ont été très respectueux. Ils se sont rendu compte qu'ils n'étaient pas seuls à vivre ce qu'ils vivaient ou à connaître certains sentiments. Cela a permis à certains de rompre l'isolement dans lequel ils avaient pu s'enfermer. »
Côté parents, tous ne sont pas venus à l'invitation de la MFR pour découvrir ce « mur de paroles ». Mais pour ceux qui étaient présents, la démarche a permis d'engager le dialogue, de susciter une réaction, sans pour autant tomber dans la culpabilisation.
« Maman, t'es pas ma copine ! », avait écrit une ado à sa mère, qui a insisté pour que sa fille lui montre sa contribution au projet. La mère pensait pourtant bien faire en voulant être très proche et elle a été un peu surprise de ce qui lui était reproché.
Aucun des parents n'est parti sans être touché, quelques-uns étaient même un peu inquiets, car plusieurs messages étaient vraiment durs, évoquant la violence, le manque d'amour, l'indifférence.
« Pourquoi ça fait si mal », indiquait l'un d'eux avec une grosse flèche pointant une photo de fillette blonde. « Je ne peux pas être un enfant parfait », criait un autre, légendant une photo d'une maman et d'une petite fille séparées par un gros éclair de feutre rouge.
Des messages qui ont permis aux parents de prendre conscience de la souffrance de certains jeunes, même si leur enfant n'était pas concerné.
Ce travail, réalisé dans le cadre du projet national « Relations parents-enfants : qu'est-ce qu'on fait, on en parle ? », proposé par la MSA, sera prolongé par la mise en place de groupes de paroles, avec l'intervention d'autres professionnels (éducateur spécialisé, psychologue…).
« Nous aimerions à présent travailler sur la communication au sens propre, sur le sens des mots qui ne sont pas perçus de la même façon par tout le monde, toujours dans l'idée de favoriser le dialogue parents-enfants », conclut Rachel Mauras.
par Florence Queval
(publié le 26 mars 2010)
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