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Une île, des flots et des mots

vendredi 12 février 2010 - 15h20

Maryse Cognée

Maryse Cognée, agricultrice sur l'île de Chalonnes, dans le Maine-et-Loire, a révélé son talent littéraire grâce à un atelier d'écriture. 

Elle est là. Derrière ce titre se cache un texte remarquable de Maryse Cognée, rédigé l'hiver dernier. Elle y décrit la montée des eaux sur l'île de Chalonnes, à Chalonnes-sur- Loire, dans le Maine-et-Loire, où elle est agricultrice, associée dans un Gaec familial.

« Notre route est une des premières à être recouvertes, écrit-elle. Plus que quelques heures à pied sec. Les fossés enflent et se mettent à courir dans le sens inverse de la Loire… Nos repères se diluent dans cette immensité calme… Nous nous sentons seuls au monde face à cet élément qui nous domine. La Loire transforme le paysage et nous embarque en voyage sans partir de chez nous. »

Originaire de Seine-Maritime, cette citadine est devenue femme de la terre, qui plus est îlienne. « Nous cultivons 65 ha, dont 44 de maïs. Le reste est en légumes (poireaux, melons, etc.), bulbes à fleurs et plantes médicinales. C'est un système d'exploitation dans lequel les défis se succèdent. »

Maryse aime ce rythme, mais elle reconnaît aussi « avoir besoin d'autre chose, d'une ouverture ». Pour elle, la lecture en est une opportunité. « J'aime voyager par le texte ou écouter quelqu'un lire à voix haute. J'ai toujours plaisir à écouter des lectures sur France Inter ou France Culture. »

 

Les mots des autres 

Ecrire, Maryse en avait le désir, mais elle ne savait pas « comment s'y prendre ». C'est une autre agricultrice qui lui apporte la solution. « Elle m'a proposé de rejoindre un atelier d'écriture, initié par le musée des Métiers de Saint-Laurent-de-la-Plaine, qui préparait une rétrospective sur l'agriculture départementale. »

L'atelier, animé par une journaliste, rassemblait huit femmes, toutes agricultrices. A force d'exercices et de travail personnel, Maryse s'applique « à faire passer ses émotions ».

Elle apprend à « endiguer leur flot » et ses textes témoignent de cet effort. Les mots sont simples, précis, maîtrisés. Ici ou là, un terme plus puissant, plus évocateur, amplifie le mouvement de la phrase, rappelle ce flot contenu.

Toutes les femmes de l'atelier ont raconté leur métier, la terre qu'elles travaillent, les animaux qu'elles élèvent, la vie de l'exploitation. Elles ont aussi beaucoup parlé de la nature qui les entoure, des émotions, de la liberté qu'elle leur offre.

Dans Libres Boutures, l'un de ses textes, Maryse évoque ainsi une journée de travail consacrée à la multiplication des dahlias. Presque un prétexte pour relater le lever du soleil, le forsythia lumineux et les bergeronnettes perchées sur l'armature des tunnels. Cette pure poésie fait que « chacune de nous se retrouve dans les textes de l'autre », explique-t-elle.

Aujourd'hui, Maryse continue d'écrire dès qu'elle a une heure ou deux devant elle. Elle dit ce qui la touche, la heurte : des petits textes pour ses amis, un éditorial pour un journal local. Elle se promet aussi d'écrire, un jour, sur ces mots des autres, ceux qui « blessent notre âme d'agriculteur ».

« Cette façon de nous accuser de tous les maux, d'aborder notre métier par la caricature. Tout ça, confie-t-elle, me met mal à l'aise. Mais j'ai du mal à l'exprimer par la parole, j'aurais besoin de l'écrire. »

 

Les ateliers en pratique


Apprendre

Comme son nom l'indique, un atelier d'écriture permet de travailler sur les différentes formes d'écriture et, de manière générale, sur les mots. Maryse Cognée a rejoint un groupe qui s'est réuni dix journées réparties sur plusieurs semaines. Un stage financé par le Vivea. Les participantes ont appris à distinguer les styles d'écriture et à rédiger avec des contraintes : temps, longueur, style, support (une carte postale, par exemple). Elles se sont aussi exercées à décrire un objet et enfin à coécrire.

 

Lire à voix haute

L'écoute et la lecture à haute voix faisaient aussi partie de la formation. Ce travail se poursuit. Le groupe d'agricultrices donne en effet depuis le printemps dernier des lectures publiques de ses textes. Elles sont déjà intervenues dans deux librairies, dans des centres sociaux, à la Maison de la femme à Angers, mais aussi en première partie d'une pièce de théâtre.

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par Anne Mabire

(publié le 12 février 2010)

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