Les grandes cultures et le lait de chèvre étaient à l'honneur lors du deuxième Forum avenir bio organisé par l'Agence bio le mercredi 28 octobre. Cette édition était consacrée à la structuration des filières, avec en point de mire l'organisation de la commercialisation, du stockage et de la collecte des 250.000 hectares actuellement en conversion à l'agriculture biologique.
Cette problématique a été largement reprise par les intervenants de la table-ronde consacrée aux grandes cultures, et notamment par Pascal Gury, président du groupe bio d'Intercéréales – Terres Univia, pour qui l'enjeu sera dans un premier temps de commercialiser au mieux les productions grandes cultures en deuxième année de conversion (C2). Il est revenu également sur la manière de faire face à l'augmentation et à la diversification des productions dans un avenir proche, notamment en termes de logistique.
Trouver un débouché aux productions C2
Concernant les productions en C2, Pascal Gury évoque plusieurs pistes, tout en écartant d'emblée, d'un point de vue personnel, la commercialisation en circuit conventionnel. Pour lui, il faut se pencher vers le domaine de la nutrition animale en agriculture biologique, qui peut incorporer jusqu'à un certain pourcentage de production C2 et qui dépend aujourd'hui en partie des importations. Il évoque également le cas des semences, pour lesquelles il préfère des productions C2 plutôt que de demander des dérogations d'utilisation de semences conventionnelles non traitées, en cas de pénurie de semences certifiées agriculture biologique.
Autre aspect abordé, celui de la commercialisation avec Jérôme Lanterne, président de Probiolor, coopérative qui s'est regroupée avec 3 autres structures pour créer l'entité FermesBio.Coop. Chaque coopérative garde son statut indépendant, cependant le regroupement permet de répondre à des commandes plus importantes, notamment en provenance du marché allemand, précise Jérôme Lanterne. Il revient également sur les avantages procurés en termes de coût de transport mais aussi de qualité des blés. En effet, les 4 coopératives étant dispersées dans l'Hexagone, la qualité générale peut être améliorée en réalisant des mélanges entre les différentes régions.
Créer des filières de proximité
La création de filières de « a à z » était également au programme du Forum avenir bio. Bruno Inquimbert, PDG de la Fromagerie de la Lémance, et Laurent Vincendeau, président de l'Association des producteurs de lait de chèvre bio (APLCB), sont venus témoigner de la mise en place d'une filière lait de chèvre bio autour des besoins de la fromagerie. Cette démarche, soutenue également par Biocoop, rassemble 12 éleveurs qui réfléchissent aujourd'hui à passer du statut associatif à celui coopératif. Pour Bruno Inquimbert, qui voit sa production limitée par l'apport en matière première, « les éleveurs ont d'abord besoin d'avoir de la confiance et de la proximité avant d'avoir des prix ». Laurent Vincendeau renchérit : « voir le transformateur et le distributeur s'asseoir à la même table et se respecter donne envie aux éleveurs de s'engager dans une telle démarche ». Il a ensuite expliqué comment le regroupement des producteurs avait pu permettre l'établissement d'une grille des prix sur 3 ans, quand il était difficile d'avoir des prévisions sur trois mois en conventionnel.
Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, est intervenu après les tables rondes en revenant sur le plan ambition bio 2017 dont l'objectif est d'augmenter les surfaces en agriculture biologique mais également de développer l'ensemble des filières bio afin de garantir des débouchés. Il a conclu la matinée en rappelant que « la bio a sa place et doit prendre un peu plus et encore un peu plus de place ».