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Barrage de Sivens (Tarn)

Un manifestant retrouvé mort

Publié le lundi 27 octobre 2014 - 09h51

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Un jeune homme est décédé dans la nuit de samedi à dimanche sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn) au moment où, selon le procureur d'Albi, une centaine d'opposants violents attaquaient les gendarmes présents sur le site.

 

Les causes exactes du décès de Rémi Fraisse, 21 ans, qui militait au sein de Nature Midi-Pyrénées, sont encore indéterminées, a expliqué à la presse le procureur d'Albi Claude Dérens, qui attend notamment les premiers résultats de l'autopsie prévue lundi à la mi-journée. Le magistrat a par ailleurs dénoncé le fait que les gendarmes chargés d'enquêter sur les causes de la mort n'avaient pu effectuer dimanche « la moindre constatation technique sur le lieu où le corps a été retrouvé », en raison de « l'hostilité » des manifestants.

 

Le procureur a toutefois apporté des éclaircissements sur les circonstances entourant la découverte de la victime sur le site de construction de ce barrage, qui fait l'objet d'un bras de fer depuis plusieurs semaines entre promoteurs du projet (Conseil général, préfecture), forces de l'ordre et opposants écologistes.

 

Alors que les opposants au barrage avaient mobilisé dans la journée quelque 2.000 manifestants dans le calme, « une centaine d'opposants violents a voulu en découdre avec les forces de l'ordre ». « Les gendarmes présents sur site étaient retranchés dans l'aire de stockage des engins de chantier et ont été attaqués en règle par le groupe de manifestants violents, approximativement une centaine qui jetaient des cocktails Molotov, des engins pyrotechniques et des pierres sur le grillage et à l'intérieur depuis l'extérieur », a rapporté M. Dérens.

 

« En raison de l'avancée des opposants, plus nombreux que les gendarmes qui étaient à peu près 70, le terrain a été balayé par des torches ce qui a permis de repérer le corps d'un homme gisant au sol. Les gendarmes ont immédiatement fait une sortie pour rapatrier le corps » de Rémi, avant de lui donner les premiers secours. Ces affrontements ont fait sept blessés parmi les forces de l'ordre, a précisé le procureur.

 

Cette description des événements conforte les déclarations antérieures, à l'AFP, de Ben Lefetey, porte-parole du collectif Sauvegarde de la zone humide du Testet, qui regroupe la majeure partie des opposants au projet de barrage. « Nous ne disons pas que les forces de l'ordre ont tué un opposant, mais un témoin nous a dit que le décès s'était passé au moment d'affrontements », a-t-il souligné. « Un témoin dit avoir vu quelqu'un s'effondrer lors d'affrontements et être enlevé par les forces de l'ordre ».

 

Dimanche en fin d'après-midi, environ 300 opposants au barrage ont convergé Place de la Libération à Gaillac (Tarn) en mémoire de leur camarade. Ils ont observé une minute de silence et déployé des banderoles où on pouvait lire : « Un mort au Testet », « Rémi, notre frère tué par le fascisme d'État », « Ni oubli, ni pardon ». Un nouveau rassemblement est prévu lundi à 14H00 devant la préfecture à Albi.

 

Suspendre le chantier

 

La journée de samedi avait pourtant bien débuté, les opposants au barrage mobilisant quelque 2.000 personnes dans le calme. Parmi les manifestants, des soutiens de poids s'étaient déplacés, tels le dirigeant du Parti de Gauche Jean-Luc Mélenchon et le député européen écologiste José Bové.

 

Interrogé par l'AFP, M. Bové a déploré dimanche la mort « inacceptable » du jeune homme et regretté plus généralement la manière dont avait été mené ce projet accompagné de « violences policières importantes » au fil des dernières semaines. « Il y a eu une espèce de gradation permanente pour que le projet aille jusqu'au bout et qu'au moment où le rapport (du ministère) serait rendu (lundi), le terrain soit dégagé et qu'il n'y ait plus de possibilité de marche arrière », a-t-il jugé. Un rapport d'experts, commandé par la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, doit être rendu public la semaine prochaine. Selon M. Bové, les premiers heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont débuté samedi en milieu d'après-midi mais en marge du rassemblement, « à environ 1 kilomètre » de l'estrade où se déoulaient les prises de parole.

 

Le projet de barrage-réservoir de 1,5 million de m3 d'eau stockée fait de plus en plus figure de « Notre-Dame-des-Landes du Sud-Ouest », en référence au site de Loire-Atlantique où une importante mobilisation a provoqué le gel en 2012 de la construction d'un nouvel aéroport. Depuis le début des travaux de déboisement le 1er septembre, les échauffourées et les rassemblements se sont multipliés aux alentours du chantier. Le projet de retenue d'eau est soutenu par le conseil général du Tarn, qui le juge indispensable pour irriguer les terres agricoles. Mais les opposants dénoncent un projet coûteux destiné, selon eux, à un petit nombre d'exploitants pratiquant une agriculture intensive.

 

Dans un communiqué, le collectif de défense de la zone humide du Testet a demandé dimanche soir au préfet du Tarn de « suspendre » le chantier du barrage pour « favoriser l'apaisement » et « respecter le temps de deuil de la famille ».

 

« France Nature Environnement en deuil »

 

« C'est avec une intense émotion et la plus grande tristesse que nous avons appris la mort de Rémi Fraisse, 21 ans, dans la nuit de samedi à dimanche, à Sivens (Tarn) », écrit France Nature Environnement (FNE) dans un communiqué du 27 octobre.

 

« Rémi était un jeune militant investi au sein de Nature Midi-Pyrénées, association affilée à France Nature Environnement. Actif au sein du groupe botanique de l'association naturaliste, basée à Toulouse, il participait notamment au suivi de la flore protégée en Haute-Garonne où il assurait la coordination du suivi de la renoncule à feuille d'ophioglosse. »

 

Denez L'Hostis, président de FNE, ajoute : « Nos pensées vont d'abord à la famille de Rémi, à ses proches et ses amis de Nature Midi-Pyrénées. Nous nous associons à leur peine. Pacifistes par nature, nous condamnons fermement toute forme de violence : nul ne devrait mourir parce qu'il s'oppose à un projet insensé. C'est un jour de deuil pour le mouvement écologiste français et pour FNE. La responsabilité des pouvoirs publics et de l'Etat est engagée. »

 

 


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