L'analyse du cycle de vie (ACV) permet de lier les pratiques agricoles à leurs effets sur l'environnement, en étudiant les impacts environnementaux tout au long du processus de production. Une démarche nécessaire pour pouvoir mettre en œuvre, entre autres, l'affichage environnemental promis par le Grenelle, qui a fait l'objet d'une expérimentation en 2011-2012 mais n'a pas, pour l'instant, été généralisé. L'état des travaux dans ce domaine a été présenté lors d'un colloque organisé jeudi à Paris par l'Inra.
L'ACV est une méthode transparente et internationale applicable à tous les secteurs de l'économie. Pour le secteur agricole, l'ACV s'appuie sur la base de données Agri-Balyse, qui fournit des références sur l'impact environnemental à la sortie de la ferme d'une large gamme de produits agricoles animaux et végétaux. Les impacts environnementaux sont également évalués dans la suite du processus de production, jusqu'à la distribution du produit (mais le comportement du consommateur ne rentre pas dans le champ de l'évaluation, bien qu'il ne soit pas neutre sur le bilan environnemental final).
L'ACV est très utile pour comparer des systèmes très différents, a précisé Christian Bockstaller, de l'Inra, mais il reste de nombreux défis à relever : affiner les indicateurs de la biodiversité, travailler sur des impacts tels que les bruits, les odeurs... Pour les indicateurs existants, l'incertitude doit être identifiée et quantifiée. Les impacts doivent aussi être alloués aux différents coproduits. Le choix de l'unité fonctionnelle (pièce ? kilo ? etc.) pose également un problème.
D'autre part, l'ACV ne tient compte que de l'environnement, ce qui ne suffit pas à caractériser la durabilité d'un système. L'intégration de la durabilité économique et sociale des systèmes de production n'est pas le moindre des défis à relever.
Pour l'instant, l'ACV est déjà un nouvel outil pour faire le bilan – imparfait – d'un produit ou d'un système, qui peut être utilisé pour induire un changement de pratiques des producteurs. Mais l'idée est surtout, demain, d'induire un changement de comportement des consommateurs.