Les fortes chutes de neige de la fin de l’année ont été suivies le week-end dernier et au début de la semaine par des inondations exceptionnelles dans les départements du Nord et de l’Aisne.
« Tous les hangars sont dans l’eau sans exception, même les plus récents que nous avions pris bien soin de construire au-dessus du niveau de la crue de 1993 ! », constate avec amertume Sylvain Magniez, jeune agriculteur à La Fère, dans l’Aisne. Ses parents, qui sont aujourd’hui retraités, n’avaient jamais vu cela. « Depuis dimanche, nous n’avons plus d’électricité, j’ai récupéré un groupe électrogène pour pouvoir effectuer la traite, la fosse de la salle de traite dans l’eau » indique-t-il.
Lundi matin, six de ses voisins sont venus lui prêter main forte pour déplacer une trentaine de génisses dans le corps de ferme de l’un d’entre eux et cent vingt big-bags d’ammonitrate qui étaient stockés sous un hangar dans 30 cm d’eau. Une centaine de ballots de foin sont aussi dans 30 à 40 cm d’eau. C’est l’Oise toute proche qui est sortie de son lit, à la fonte des fortes chutes de neige accumulées à la fin de décembre.
Des dégâts difficiles à évaluer
« Par endroit, le niveau de l’eau est moins élevé que lors de la crue de 1993 qui fait référence dans la région ; par endroit, il est plus élevé », souligne Guy Leblond, vice-président de l’Union des syndicats et l’un des voisins venus donner un coup de main au jeune agriculteur. Dans le secteur de La Fère, Chauny, Origny-Sainte-Benoîte, Guise, Marle... des dizaines de routes sont fermées.
« Heureusement, le ramassage du lait avait pu être réalisé dimanche, avant que l’eau ne se mette à monter vraiment », ajoute Sylvain Magniez.
Difficile de savoir en début de semaine, combien d’agriculteurs ont été obligés de réagir très vite et de déplacer animaux, stockage de nourriture ou céréales. Une chose est sûre, plusieurs milliers d’hectares ont été inondés.
Dans l’Aisne, ce sont les vallées de l’Oise et de la Serre qui sont les plus touchées ; dans le Nord, celles de l’Helpe et de la Sambre.
« De très nombreuses prairies sont sous l’eau, notamment dans le sud-est du département, constate Jean-Luc Delbecq, animateur à la FDSEA du Nord. Des parcelles de blé ou de colza sont aussi inondées. Si l’eau ne stagne pas trop longtemps, les céréales pourront repartir. »
Mardi matin, certains producteurs envisageaient déjà de remplacer leurs parcelles de blé d’hiver, par de l’orge de printemps.
La sucrerie d’Origny-Sainte-Benoîte arrêtée La commune d’Origny-Sainte-Benoîte, à l’est de Saint-Quentin (Aisne), a été très touchée par la crue de l’Oise. « Vendredi, lorsque nous avons été prévenus par la préfecture du risque d’inondations, nous avons pris la décision d’arrêter plus tôt que prévu la sucrerie, qui était dans ses derniers jours de campagne, explique Dominique Ryckeboer, responsable du service betteravier de l’usine Tereos d’Origny-Sainte-Benoîte. Nous avons décidé d’évacuer les 28.000 tonnes de betteraves qui étaient stockées sur la plate-forme de l’usine vers les deux sucreries du groupe les plus proches, celle d’Escaudoeuvres, près de Cambrai, et celle de Bucy-le-Long, près de Soissons. Nous avons bien fait car la plate-forme de stockage a ensuite rapidement été inondée. Heureusement, l’outil industriel en tant que tel n’a pas été touché. » |