« À la lumière des résultats du dernier recensement agricole, on constate combien la place des femmes dans le monde agricole a changé », annonce une analyse du centre d'études et de prospective du ministère de l'Agriculture publiée le 8 mars.
Selon le ministère, chiffres du dernier RGA de 2010 à l'appui, les femmes sont aujourd'hui « plus présentes et plus visibles dans le monde agricole ».
Par le passé, les femmes bien que présentes bien évidemment dans le secteur agricole étaient « moins identifiées à l’agriculture et notamment moins bien comptabilisées du fait de leur statut de conjointe ou d’aide occasionnelle », souligne l'analyse.
La réalité de nos jours, comme le montrent les chiffres de 2010, c'est qu'un quart des chefs d’exploitation en France (27 %) sont des femmes, contre seulement 8 % en 1970.
Les agricultrices chefs d'exploitation sont particulièrement nombreuses dans les secteurs de la production ovine, caprine et autres herbivores - notamment les équins - : elles représentent 30 % des chefs d'exploitation ou coexploitants de moins de 40 ans. C'est également le cas dans le maraîchage et l'horticulture (24 %) ou dans le secteur de la viticulture (23 %).
La particularité de ces exploitations, c'est qu'en général ce sont plutôt de petites structures, indique l'analyse contrairement aux exploitations en grandes cultures, en élevages bovins ou en polyculture-élevage, dans lesquelles seuls 15 % des chefs d'exploitations sont des femmes.
Et le RGA montre que les exploitations dirigées exclusivement par des femmes de moins de 40 ans sont plus souvent des petites exploitations (43 %) que des grandes (20 %), à la différence de leurs homologues masculins. En moyenne, toutes Otex (orientations technico-économiques des exploitations) confondues, 19 % des chefs d'exploitation de moins de 40 ans sont des femmes.
Elles constituent aussi une part de plus en plus importante des installations, notamment chez les moins de 40 ans, et des élèves de l’enseignement agricole, et bénéficient d'un niveau de formation de plus en plus élevé.
Aujourd’hui, les jeunes exploitantes sont beaucoup plus souvent diplômées du supérieur que leurs homologues masculins, assure l'analyse. C'est aussi ce que révélait une autre note du ministère sur le haut niveau de la formation agricole, publiée à l'occasion du salon de l'agriculture.
« Le niveau de formation initiale des agriculteurs – et notamment celui des agricultrices – s’élève du fait de l’augmentation générale des niveaux de formation dans la société, mais aussi des exigences de plus en plus importantes quant aux diplômes nécessaires pour prétendre aux aides à l’installation », rappelle ici le ministère. La part des filles dans les effectifs de l’enseignement agricole (public et privé) est passée de 39 % en 1990 à 52 % en 2010.
« A l’image de ce que l’on observe dans les autres professions », les agricultrices font plus souvent le choix du temps partiel que les agriculteurs, explique l'analyse : la moitié des femmes exploitantes de moins de 40 ans sont à temps partiel, alors que ce n’est le cas que d’un tiers des hommes. Ces derniers font en revanche plus souvent appel au service de remplacement, ajoute-elle.
« Historiquement orientées vers les services, les jeunes filles peuvent encore être découragées de s’engager dans des productions jugées trop physiques ou dangereuses, alors que les réalités du métier ne le justifient pas », estime le ministère.
En outre l’accès à la formation continue est également plus difficile pour les femmes, « notamment du fait de l’imbrication entre vie professionnelle et vie familiale ».
De la même manière, des freins existent pour l’installation des femmes. C'est le cas pour l’accès au foncier, estime le ministère, qu’il s’agisse d’une transmission d’exploitation ou d’acquisition des terres.
Certains sociologues, rapporte le ministère, estiment même qu’en créant une dynamique et en impulsant une rupture avec les règles du passé, les femmes vont dans les années à venir accélérer la modernisation du secteur et son ouverture sur le reste de la société.
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