L'usine Aprochim de Grez-en-Bouère (Mayenne), spécialisée dans le traitement de déchets contaminés, a été mise en demeure de « respecter les seuils d'émission en PCB » (polychlorobiphényles) après de nouveaux tests de mesure de pollution, a annoncé mardi la préfecture de la Mayenne dans un communiqué.
L'usine « dispose de quinze jours pour se mettre en conformité » alors que des mesures à la cheminée ont montré des émissions « élevées » sous forme gazeuse, selon la préfecture en charge du dossier, dans cette zone où six troupeaux de bovins contaminés ont été abattus ces dernières semaines.
Les tests de sortie de cheminée vont se poursuivre « pendant quatre jours » et, si les résultats restent supérieurs aux normes admises, « l'activité de l'usine sera suspendue », précise la préfecture.
Une dizaine de fermes des environs ont été mises sous séquestre total ou partiel après la détection, en janvier, de taux anormalement élevés de concentration en PCB dans leurs productions - lait, viande et oeufs.
Une campagne de prélèvements sanguins doit être lancée en janvier auprès des riverains dans un rayon de 500 mètres autour de l'usine et des agriculteurs concernés par la pollution, a indiqué Chantal Gloaguen, du département de veille sanitaire des Pays de la Loire. « Il s'agit de comparer pour voir si les imprégnations individuelles dépassent les niveaux moyens observés dans la population française », a-t-elle dit.
Dimanche, plusieurs dizaines de personnes ont manifesté à proximité de l'usine qu'ils accusent d'être à l'origine de la pollution.
Jusqu'à présent, Aprochim a contesté sa responsabilité dans la pollution constatée. « Des expertises sont en cours pour identifier les sources de parution des PCB. Rien n'est établi à ce jour », assure ainsi un récent communiqué de l'usine qui emploie une centaine de personnes.
Le site avait été contraint en janvier de réduire son activité de 50 % puis autorisé à reprendre ses activités en juin après renforcement des systèmes de filtration en sortie de cheminée.
Les polychlorobiphényles (PCB), plus connus en France sous le nom de pyralènes, sont des dérivés chimiques utilisés à partir des années 30 et pendant des décennies dans l'industrie, comme isolants dans les transformateurs électriques, comme lubrifiants dans les turbines ou comme composants dans les peintures. La vente de produits contenant des PCB est interdite depuis 1987.
Ces molécules sont très stables dans l'environnement. Dans l'eau, elles peuvent se fixer dans l'organisme des poissons, entraînant ainsi un risque pour l'homme en cas de consommation réitérée.
Plusieurs plaintes ont été déposées au civil et au pénal par des anciens salariés de l'usine, puis par des agriculteurs affectés par la pollution.