Ce matin, le mardi 31 mars 2015, le ministre de l'Agriculture a réuni pour une première réunion à Paris, la cellule de crise porcine promise par le Premier ministre. La situation des éleveurs et la compétitivité de la filière étaient au centre des discussions. Selon les professionnels présents, le ministre a annoncé une enveloppe de 9 millions d'euros pour l'allègement des charges, et a demandé à la distribution de mettre fin à sa politique de promotion permanente de la viande de porc. L'origine « France » est un autre levier envisagé pour redresser la situation des éleveurs.
Le point sur lequel les éleveurs attendent des résultats rapides est évidemment le prix du porc à la production. « Il nous manque encore 20 centimes par kilo, calcule Paul Auffray, le président de la Fédération nationale porcine (FNP). Il est important de pouvoir provoquer ce genre de réunion, pour que chacun dans la filière réalise bien dans quelle situation nous sommes. Le ministre a par exemple réitéré sa demande aux banques de faire bénéficier les éleveurs des taux avantageux dont elles bénéficient auprès de la Banque centrale européenne. »
La remontée des prix repose sur trois leviers
Pour le syndicaliste, cette remontée des prix repose sur trois leviers : la mention de l'origine géographique, la promotion du porc français et la remise à plat des politiques tarifaires dans les rayons des grandes surfaces lors des promotions. « C'est un vrai scandale, assène Paul Auffray. Le porc est en promotion toute l'année. Le ministre a indiqué qu'il peut prendre un arrêté s'il considère que les promotions perturbent le marché. Nous ne sommes pas contre ces promotions. Elles sont utiles en septembre et janvier. Nous ne nous opposons pas à ce qu'il y en ait à d'autres périodes, mais après discussion à l'interprofession. »
La FNP souhaite aussi que soit revalorisée la prime « qualité » de 2 centimes touchée par les éleveurs. « Il faut y retravailler avec les acteurs de la filière, insiste Paul Auffray. Nous avons aussi la forte volonté de préserver le Marché du porc breton. Il faut quelqu'un pour donner le "la", un prix de base cohérent avec ceux de l'Union européenne. Sinon, nous aurons un prix par entreprise. Cela ne doit pas nous empêcher d'avoir d'autres outils comme des contrats ou des marchés à terme. »
Un groupe de travail sur les réductions des charges salariales
Moins sensible pour les producteurs, mais au cœur des difficultés de la filière, il a aussi été question de coût du travail ce matin lors de la cellule de crise. « La compétitivité de notre filière passe par les charges salariales, insiste Guillaume Roué, le président d'Inaporc. Chaque jour, nous voyons nos concurrents prendre des parts de marché. »
Le ministre a annoncé la mise en place un groupe de travail sur les moyens à disposition pour bénéficier des réductions de charges salariales. « Il y a le CIE, le CICE, le pacte de responsabilité, cite Paul Auffray. Il faut faire en sorte que les éleveurs et les industriels en bénéficient. C'est un sujet important pour la viabilité des entreprises mais à plus long terme. »
La Confédération paysanne n'était pas présente à la réunion. « Nous avons été prévenus à 10h00 ce matin, constate Claude Cellier, éleveur de porc dans la Marne et membre du syndicat. Seulement nous ne sommes pas tous parisiens en permanence. Nous aurions pu voir qu'il y avait cette réunion dans l'agenda du ministre diffusé le vendredi soir, si nous n'avions que cela à faire. C'est significatif de la façon dont les choses se passent en ce moment. »