« Quand je me suis installé en 1998, je pompais l'eau d'irrigation dans le Bandiat, qui coule au nord de la Dordogne, se souvient Loïc Delage, polyculteur-éleveur à Javerlhac. Chaque année, j'étais soumis aux restrictions d'usage. Pour produire les 920.000 litres de lait, je devais assurer la quantité et la qualité du maïs fourrage, d'où le projet, avec d'autres agriculteurs, de créer des réserves. Pour mon élevage, j'avais besoin de 57.000 m³ pour irriguer 28 ha de maïs », précise l'agriculteur.
En 2000, vingt-huit exploitants du bassin versant du Bandiat étaient intéressés pour créer des réserves. Entre 2004 et 2005, huit exploitations, fédérées en association syndicale autorisée, ont obtenu la création ou l'aménagement de huit retenues de 10.000 à 35.000 m³.
« Cette première vague de dossiers s'est plutôt bien passée, précise Johan Sees, en charge de l'eau au conseil général, contrairement à la deuxième, dont fait partie Loïc Delage, qui a traîné en longueur. »
La recherche d'un terrain adéquat a été le premier problème : 5 ou 6 ha étaient nécessaires pour un bassin de 600.000 m³. Les terrains disponibles, forcément déconnectés du milieu naturel, demandaient beaucoup de terrassement et des travaux d'étanchéité importants, d'où un coût trop élevé, de l'ordre de 17 €/m³, alors que l'objectif se situe entre 2 et 6 €/m³.
En 2007, le conseil général a voulu reprendre le dossier, alors en bureau d'études, pour faire avancer ce projet, explique Johan Sees. Mais la recherche de terrain et le coût élevé ont découragé certains. Au final, une douzaine d'agriculteurs étaient partants, pour un volume de 265.000 m³.
« Vraiment motivé pour faire avancer ce projet, j'ai mis 3,5 ha à la disposition du conseil général, qui a racheté les terres pour créer une réserve de 140.000 m³ pour deux voisins, Daniel Gourinchas et Yannick Vedrenne, et moi-même », précise Loïc Delage.
Une autre réserve de 125.000 m³ est en train de se monter sur un autre terrain mis à disposition. Subventionné par l'agence de l'eau, l'Europe, la Région et l'Etat, le coût restait trop important pour les agriculteurs.
Cette solution de faire porter le projet de création de réserve et de station de remplissage par le conseil général a permis de limiter les frais. Le coût du réseau de distribution, subventionné à 80 % par le conseil régional, reste donc pour 20 % à la charge de chaque agriculteur.
« Notre investissement s'élève à 1.200 €/ha, notre objectif de départ », note Loïc Delage. La réserve se remplira dès cet hiver, pour une utilisation à la prochaine campagne. A un an près, elle aurait pu sauver les fourrages de ce printemps.
par Florence Mélix (publié le 3 juin 2011)
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