Au pied de l'abbaye, le haras de Cluny

À Cluny, on vient d'abord voir l'abbaye, de renommée internationale. Et, fait rare, ce sanctuaire chrétien est d'autant plus unique qu'il fait presque corps avec la cité du cheval !

Le parking d'accès longe le long ruban de l'hippodrome. Et c'est quasi au pied du clocher que s'étendent les écuries du haras, construites sur l'emprise du lieu saint, partiellement détruit à la Révolution.

Dans ce cadre qui marie histoire et patrimoine vivant, assister à la promenade de Grenat de Grez, un superbe selle français, est un pur délice.

Au haras, le visiteur ne sait jamais à l'avance « qui » il va pouvoir ainsi croiser, du pur-sang anglais à l'arabe... Ce que confirme Céline Saillet, chargée de communication : « Nous avons une vingtaine d'étalons différents, disponibles pour de l'insémination artificielle ou de la monte naturelle. Du coup, ils circulent parfois. Quelques éleveurs de chevaux de trait les louent aussi à l'année. »

La filière équestre est particulièrement dynamique dans la Saône-et-Loire, où vivent plus de 10.000 des 26.000 chevaux bourguignons. Le département compte aussi la moitié des éleveurs de la région. Ici, le cheval est souvent une passion, un petit complément de revenu à côté de l'élevage du charolais ou de la vigne.

« Notre première grande écurie date de 1814, rappelle Céline Saillet. Au plafond, il y a des rosaces en bois : c'est l'ancien système d'aération. » Jusqu'au 15 octobre, le site a aussi servi d'original lieu d'exposition aux clichés contemporains d'Alain Laurioux, qui a photographié paysans et chevaux, en zone rurale, en Ethiopie.

« Depuis 2010, après la fusion entre les haras nationaux et l'école nationale d'équitation de Saumur, nous sommes en phase de redéfinition de nos missions, commente-t-elle. Le développement des activités culturelles et l'aide aux projets innovants font partie de notre programme. »

Durant l'été, aux « Jeudis de Cluny », le public assiste à la présentation d'étalons montés, en main ou attelés, et la visite comprend des ateliers (maréchalerie...).

Des spectacles de théâtre équestre, par une artiste en résidence, des cabarets avec repas et des visites spécialement conçues pour les familles sont aussi proposés. À Cluny, on espère pouvoir miser encore longtemps sur le bon cheval.

par Chantal Béraud

(publié le 4 novembre 2011)